Agriculture bio : un gisement de producteurs à trouver
La filière bio a besoin de nouveaux convertis, et le fait savoir. Pour la 3 e année consécutive, les interprofessions de Bretagne, Pays de la Loire et Basse-Normandie étaient présentes au Space, notamment pour une conférence «lait». Public visé : les conventionnels. De fait, « les bios étaient invités à ne pas venir », sourit Xavier Maréchal, président de BRIO, Bio des régions interprofessionnelles organisées, au nombre de 11.
Avec une croissance de 10 % par an, le marché laitier bio en France fait des bonds et réclame chaque année des hommes neufs. De quoi faire oublier le trou d’activité de la période 2002-2006 pendant laquelle la consommation peinait et les CAD intéressaient moins que les CTE. « Rien que sur le Grand Ouest (Bretagne, Pays de la Loire et Basse-Normandie) qui produit environ 150 millions de litres de lait -les deux tiers de la production française-, il faudrait l’entrée en production de 75 fermes de 200 000 litres de lait bio chaque année pour satisfaire le marché », souligne Xavier Maréchal.
Or les comptes n’y sont pas. Xavier Maréchal déplore que l’enseignement agricole ne distille pas suffisamment de formation spécifique au bio. Il pointe du doigt les freins idéologiques ou sociologiques dans les campagnes. Et regrette que les aides à l’agriculture bio soient « très sensiblement moins importante qu’en agriculture conventionnelle ». Sur ce point, il réclame que l’impact positif de l’agriculture bio sur l’environnement soit reconnu au travers des aides spécifiques. En vain pour l’instant.
Bâton de pélerin
Alors, dès que l’occasion se présente, lui comme les interprofessions du bio prennent leur bâton de pèlerin. Pendant ce temps, les opérateurs du lait bio prennent leur mal en patience. Faute de matières premières disponibles pour approvisionner tous leurs clients, ils les sélectionnent. Xavier Maréchal, patron de la Laiterie de Kerguillet (Morbihan) n’en cherche même plus. « Nous faisons sans cesse des arbitrages entre les références et les clients », explique-t-il. La RHD augmente ses volumes d’achat depuis qu’obligation lui a été faite de proposer 20 % de bio dans son offre. Les MDD en réclament de plus en plus « car c’est un vecteur d’image pour les enseignes », poursuit Maréchal. Pour satisfaire aux objectifs fixés lors du Grenelle de l’Environnement, à savoir que le bio couvre d’ici à 2012 6 % de la SAU française contre 2 % aujourd’hui, toutes les énergies sont requises. C’est pourquoi, le ministère de l’Agriculture a annoncé jeudi, à l’issue d’une rencontre avec l’Agence Bio, « le déplafonnement des aides à la conversion de l’agriculture conventionnelle vers l’agriculture biologique ». Pas sûr que cela suffise à remplir l’objectif.