Additifs en alimentation animale : des allégations encadrées
Tout additif destiné à l’alimentation animale doit être autorisé dans l’Union européenne pour une des 22 fonctionnalités qui s’organisent en cinq catégories : « technologique », « sensoriel », « nutritionnel », « zootechnique » ou « coccidiostatique » Les coccidies sont des protozoaires microscopiques qui vivent en parasite dans la muqueuse intestinale des volailles et du bétail, causant de graves diarrhées. (règlement 1831/2993). Cette fonctionnalité garantit à l’additif l’accès aux allégations valorisantes issues de la procédure d’autorisation. Qui dit allégation dit en effet dossier lourd et complexe mais, en contrepartie, accès à un marché rémunérateur. Le registre communautaire (site de la Commission) met à disposition des utilisateurs la liste positive des additifs pour l’alimentation animale et le contenu du dossier, donc des allégations précisément autorisées. Le risque d’un tel système pourrait être de bloquer l’innovation. Mais, de fait, de nouvelles fonctionnalités peuvent apparaître, comme les « liants des mycotoxines », avalisés en février dernier par le Comité permanent de l’alimentation animale.
La Fefana (Fédération européenne des fabricants d’additifs pour alimentation animale) et sa « plateforme » française (Synpa) organisaient une conférence d’explication de texte à destination de la presse professionnelle, le 26 mars dernier, intitulée « la communication légitime sur les additifs ». En effet, l’information des utilisateurs est assurée par les mentions obligatoires d’étiquetage, mais pas uniquement. « Les contrôles officiels visent aussi la publicité sur les effets allégués. En cas de publicité sur les matières premières ou les aliments, les opérateurs doivent tenir à disposition des justifications permettant aux autorités de contrôle de s’assurer que celle-ci n’induise pas l’utilisateur en erreur » résume Catherine Evrevin (bureau des productions animales à la DGAL), venue soutenir les associations. Certains cas sont désormais bien répertoriés. Une matière première ne peut donc pas s’approprier une quelconque fonctionnalité.
Pas de probiotique chez les levures mortes
Autre exemple, si une levure vivante peut prétendre à un dossier additif après avoir prouvé son innocuité et son efficacité, une levure morte ne peut en aucun cas s’autoproclamer probiotique. Idem, une huile essentielle appartient à la catégorie des « substances apéritives et aromatisantes ». Elle ne peut ni sur son étiquette, ni sur les publicités, ni sur aucun document (disponible sur le net ou non) revendiquer une fonctionnalité « zootechnique », bien que la recherche offre des ouvertures (réduction de la production de méthane par les ruminants par exemple). Sachant qu’il n’est pas toujours aisé de s’y retrouver entre additifs, matières premières voire médicaments (ou allégation santé), la Fefana a construit un outil d’aide à la décision disponible sur son site (www.fefana.org). Elle espère qu’il sera bientôt adopté dans l’arsenal des outils de la Commission, explique Didier Jans, secrétaire général.
Dans tous les cas, un utilisateur peut, en cas de doute, saisir les autorités pour une allégation qui lui semblerait douteuse. Les services de contrôle interviennent en effet soit dans le cadre de plans d’enquête, soit sur dénonciation. Or, les allées des salons professionnels regorgent d’occasions de « distorsion » d’information.
A chacun, presse, concurrents, utilisateurs, de rester vigilant sur ses propos et/ou sur l’information reçue.