Abattoir d’Angoulême : Sodiporc se défend
« Notre apport de mille porcs par semaine n’aurait rien changé au destin de l’abattoir d’Angoulême… » Bernard Geoffroy, patron de Sodiporc, récemment mis en cause par les responsables de la structure angoumoisine aujourd’hui liquidée, réagit vigoureusement aux propos de ces derniers. Pour lui, le projet d’un outil supportant une filière porc régionale était condamné d’avance, pour des raisons conjoncturelles mais aussi par manque de réalisme.
Charente Porc, porteur du projet, aujourd’hui disparu avec 49 salariés, sera à nouveau démantelée lundi 26 février par une seconde vente aux enchères concernant son matériel, bradé par lots (La première avait eu lieu le 6 dernier, sans grands résultats). Pour son Président Marc Feugnet (éleveur installé à Rouillac) l’échec de l’abattoir est à porter au compte des apporteurs trop tièdes pour le suivre dans sa démarche, ainsi qu’aux normes drastiques imposées par l’administration. L’ambition était pourtant belle : créer en Charente un outil de production permettant l’émergence de toute une filière porcine.
« Les victimes sont les éleveurs »
« Les victimes de toute cette affaire sont principalement les éleveurs, rappelle Bernard Geoffroy, ainsi que les salariés. Sur une idée louable, on a créé une structure non viable, sans tenir compte des conseils des financiers et des professionnels. Je n’ai jamais voulu y adhérer, car je n’y croyais pas, et j’en avais par ailleurs prévenu Marc Feugnet, qui n’a pas souhaité m’écouter. Les normes en question, jugées draconiennes, sont les mêmes pour tous, et les apporteurs ne se bousculaient pas dès le départ, restant réservés sur les possibilités réelles de rentabilité. Des grands groupes comme Euralis avaient également tiré la sonnette d’alarme, mais sans résultat. »
Le patron de Sodiporc – qui ne participera pas au rachat du matériel – fait abattre ses 1 200 bêtes par semaine principalement à Saint Maixent (79). Des porcs picto-charentais qui pourraient s’inscrire dans une véritable stratégie de développement de l’élevage pour peu qu’elle soit pensée autrement :
« Il y a un marché sur Angoulême,reconnaît-il, mais pour un millier de têtes par semaine et non 2 000 comme espéré. On peut imaginer une structure multi-espèces, dans laquelle on ne se contenterait pas de traiter du tout-petit ou du très gros, mais de tout. L’avenir appartient désormais à des abattoirs comme Ruffec ou Confolens, qui tirent leur épingle du jeu. Quant à cette lamentable affaire, je m’inquiète surtout de ceux qui, en finale, vont payer l’échec, autrement dit les contribuables qui ont participé au financement des subventions. »