50 ans de sécurité alimentaire : des volumes aux crises sanitaires
Depuis sa création en 2002, l’Efsa (autorité européenne de sécurité des aliments) a rendu 747 opinions scientifiques. 1 300 à 1 500 alertes rapides parviennent chaque année dans le bureau de la DGAL. Deux données qui mettent en valeur la montée en puissance de l’évaluation de la sécurité alimentaire et de la gestion des risques dans la politique alimentaire européenne. Mais les préoccupations en la matière ne datent pas du livre blanc écrit en 2000 dans la grande période des « crises sanitaires alimentaires ». Dès les années cinquante, l’Europe s’en est préoccupée(http://ec.europa.eu/food/food/50years_foodsafety_en.htm). L’évolution des comportements de consommation et des exigences des consommateurs s’est conduite en parallèle des révolutions intervenues dans la production, la transformation, la commercialisation des produits : la chaîne alimentaire n’a plus rien à voir avec celle des années cinquante.
La sécurité alimentaire vue par l’Europe a démarré par la santé animale dans les années cinquante, surtout pour réduire les pertes dues aux épizooties et faciliter les transports d’animaux et de viande. Les années soixante poursuivent cette lutte contre les zoonoses et s’engagent dans la voie de l’hygiène alimentaire sous un aspect plutôt bactériologique. Les années soixante-dix complètent les champs couverts dans le domaine des contaminants chimiques. La décennie 80 enregistre les premières crises alimentaires, l’interdiction des viandes aux hormones date de cette période. Mais les crises prennent véritablement de l’ampleur dans les années 90 et 2000. Le tournant réglementaire marqué par le Livre blanc de 2000 conduit désormais à une gestion plus apaisée avec des crises de moindre ampleur.
Les pionniers préoccupés par les quantités
Retour sur les premières années de l’Europe. La principale préoccupation des producteurs européens de nourriture, dans les années cinquante était la quantité de denrées à fournir pour venir à bout de la pénurie d’après-guerre. Aucune mesure de sécurité alimentaire harmonisée n’était instaurée au niveau européen (Allemagne de l’Ouest, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas). Les épisodes de maladies animales (tuberculose, fièvre aphteuse, grippe aviaire, brucellose, trichinose) marquent la période. Mais la Commission européenne est un partenaire actif d’une organisation de lutte contre la fièvre aphteuse qui a vu le jour en 1954 sous les auspices de la FAO pour coordonner la coopération entre pays (mais l’UE n’a adhéré à la FAO qu’en 1991). La vaccination contre la fièvre aphteuse est ainsi imposée.
Les années soixante enregistrent l’arrivée d’immigrés, le développement du tourisme et l’équipement des ménages en réfrigérateurs : trois facteurs fondamentaux de l’évolution des habitudes alimentaires, nouveaux produits, nouvelles saveurs et possibilité de stockage ce qui efface l’obligation des courses quotidiennes. La PAC est fondée en 1962 pour la garantie des approvisionnements alimentaires. Le Codex Alimentarius, autre instrument de la FAO (et de l’OMS), est installé en 1963.
Les années soixante sont consacrées à la lutte contre ces zoonoses, posant les fondements de la législation vétérinaire (1964 : directive 64/432 du Conseil sur les échanges intracommunautaires de porcs et de bovins, directive 64/433 du Conseil sur les échanges intracommunautaires des viandes fraîches). Cette lutte vise tant à garantir la sécurité des consommateurs ingérant ces produits animaux qu’à réduire les pertes économiques induites par les épizooties. Le système de notification des maladies animales est installé bien plus tard, en 1982. Le bien-être animal est pris en compte dès 1974, avec les premiers textes visant à épargner toute souffrance inutile aux animaux lors de l’abattage.
L’ancien comité vétérinaire permanent de l’époque est aujourd’hui le CPCASA, comité permanent de la chaîne alimentaire et de la santé animale, chargé de prendre au quotidien des décisions quant à l’application de la réglementation européenne.
Les denrées alimentaires parcourent des chemins plus complexes. Les risques de contamination bactériennes et les intoxications alimentaires de plus grande ampleur constituent des préoccupations majeures, l’hygiène alimentaire se déploie, les nouvelles techniques sont testées et… suspectées (1961 : rapport de l’OMS sur l’irradiation des aliments).