250 M€ pour soulager le monde agricole
Parce que, selon lui, «le secteur agroalimentaire, pilier de notre économie réelle, est, en pleine crise financière, essentiel à la croissance et à l'emploi dans notre pays», Michel Barnier a rappelé hier devant le 1 er congrès de Coop de France les mesures d'urgence tout récemment accordées aux IAA et à l'agriculture. Après les 200 M Eur de moyens budgétaires et 1 Md Eur de garantie de financement promis aux PME pour leur financement, le ministre a annoncé mercredi soir un plan d'urgence de 250 M Eur pour permettre aux «exploitations agricoles le plus en difficulté de passer le cap difficile de 2009». Ce plan vise notamment l'élevage ovin. Une enveloppe de 50 M Eur lui sera accordé via des aides indirectes compensant les dommages économiques liés aux mesures de lutte contre les épizooties et grâce au redéploiement d'aides communautaires (les DPU) non utilisées. 75 M Eur seront alloués pour alléger les charges financières et sociales 2009 des exploitations agricoles en difficulté.
L'engraissement à l'étude
La même somme sera destinée à la réduction de la facture énergétique des exploitations agricoles. Le remboursement partiel de la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP) et de la taxe intérieure sur la consommation de gaz naturel (TIGCN) sera notamment reconduit en 2008 dans la loi de finances rectificative. Des banques et la mutualité sociale agricole (MSA) se sont engagées à apporter respectivement 15 et 20 M Eur pour soutenir le secteur agricole.
Au-delà de ce plan d'aides d'urgence, le ministre de l'agriculture a répondu hier favorablement à la demande de Philippe Mangin de lancer une «politique de l'engraissement». «Attaquons-nous enfin à créer cette politique de l'engraissement qui structurerait et contribuerait à apporter un élément de réponse à un dossier plus large, l'avenir des productions agricoles», l'avait ainsi sollicité le président de Coop de France. «Oui, à une condition : que les entreprises s'engagent, que les éleveurs s'engagent. Sinon, ce sera un plan de plus», a répondu le ministre, avant de rejoindre Bruxelles pour apporter les dernières touches au bilan de santé de la Pac.
Depuis septembre, les discussions s’intensifient entre la Présidence, la Commission et les Etats membres. Michel Barnier s’est avancé hier sur une prochaine conclusion, le 19 ou plutôt le 20 novembre. Le Parlement européen s’exprimera sur le sujet le 19 au matin. Depuis la communication de la Commission européenne, rendue publique il y a un an, des avancées ont été faites, s’est félicité le ministre rappelant le maintien des aides couplées pour les fourrages séchés, le lin, les protéagineux. « Mais des points durs restent en discussion », a-t-il reconnu.
Sur le niveau et les modalités de la modulation des aides, un consensus devrait être trouvé entre les 8 % proposés par la Commission et le 0 % proposé par la France. La France obtenant en contrepartie que l’argent du 2 e pilier de la Pac puisse aider les productions laitières en zone de montagne, par exemple. Les deux autres points « durs » de la discussion portent sur les mécanismes d’intervention, notamment en céréales et produits laitiers, et les conditions de sortie des quotas laitiers. « Mais je suis raisonnablement optimiste : nous aurons la semaine prochaine une boîte à outils. Elle nous permettra de mettre en œuvre nos priorités : une politique agricole préventive, équitable et durable », a déclaré Michel Barnier, devant les présidents des coopératives. Ensuite « il nous restera à prendre les décisions collectivement. Comment mieux répartir les quelque 8 milliards d’euros d’aides directes que reçoit la ferme France ? », a-t-il ajouté.