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Conduite du pâturage
« Même avec un robot saturé, on arrive à faire pâturer nos 70 vaches »

Le Gaec des Fresnes, en Loire-Atlantique, a un fonctionnement par lot au pâturage, de façon à toujours maintenir des bêtes dans le bâtiment pour fréquenter le robot.

« Avec vingt hectares de prairies accessibles autour de la ferme sans aucune route à traverser, nous avons un sacré avantage ", lance Jérôme Corbin. Non issu du milieu agricole, cet éleveur est installé à Joué-sur-Erdre depuis dix-neuf ans avec Thierry Marchand, qui l’avait initialement embauché comme salarié. Aujourd’hui, les deux exploitants sont à la tête d’un troupeau de 70 Montbéliardes à 8 800 kg et de 80 Rouges des prés, sur une SAU de 190 hectares. Ils cultivent 35 hectares de maïs et tout le reste de la surface est en herbe. « Nous avons fait le choix du robot de traite en 2012 pour gagner en qualité de vie et en souplesse de travail lors des astreintes du week-end. Si cela reste notre premier objectif, nous ne voulions pas pour autant abandonner le pâturage qui était un point fort de notre système ", confie Jérôme, particulièrement attaché à voir ses vaches dehors. Les éleveurs ont pas mal tâtonné les premières années après l’arrivée du robot pour trouver un moyen efficace pour faire pâturer les vaches… L’exercice est d’autant plus délicat que la stalle est saturée (65 vaches traites en permanence), avec un temps libre au robot de seulement 7 %. Le robot se situe dans un angle du bâtiment. Il dispose d’une porte de sortie deux voies, qui donne la possibilité aux vaches traites soit de retourner vaquer à leurs occupations dans la stabulation, soit de sortir à l’herbe pendant la saison de pâturage.

Toutes les vaches sortent à l’herbe mais en deux lots

« Auparavant, les vaches pouvaient pâturer en journée entre 8 h et 18 h, elles sortaient une fois qu’elles étaient passées au robot, avec la possibilité de revenir d’elles-mêmes dans le bâtiment. Mais avec ce système, le pâturage était sous-valorisé et il y avait une forte hétérogénéité de régime entre les vaches. Les premières traites pâturaient beaucoup mais celles qui sortaient en milieu d’après-midi très peu, car elles avaient déjà le ventre plein. Et c’était compliqué d’équilibrer la ration à l’auge… », se souvient l’éleveur. Sur les conseils de Denis Denion, consultant robot à Seenovia, le Gaec a adopté un nouveau fonctionnement depuis 2015. « Nous avons paramétré le robot de façon à qu’il autorise les vaches traites à sortir à l’herbe à partir de 2 h du matin. L’objectif est que, lorsqu'on arrive dans le bâtiment vers 6 h 30-7 h, la moitié du troupeau soit déjà dehors. On enferme alors les vaches de ce premier lot dans le paddock où elles se trouvent. » Les vaches qui sont traites après 7 h se dirigent, quant à elles, vers un second paddock. À midi, le bâtiment se retrouve vide, ou avec deux ou trois vaches maximum. Les éleveurs peuvent alors ramener le premier lot dans la stabulation. Une fois traites, les vaches de ce lot rejoignent dans l’après-midi le reste du troupeau dans le second paddock. Les vaches peuvent rentrer toutes seules par l'autre extrémité du bâtiment. Et vers 18 h-18 h 30, il n’y a plus qu’à rentrer l’ensemble du troupeau. Le soir, toutes les vaches sont dans le bâtiment ; les premières ne commencent à ressortir qu’à 2 h du matin.

Entre 2,1 et 2,2 traites par jour au pâturage

« Ce fonctionnement est très simple à mettre en œuvre, considère Jérôme. Nous nous le sommes vite approprié. Concrètement, cela suppose d’être là à 7 h et à midi, ce qui n’a guère changé nos habitudes. Ramener les vaches prend 30 minutes par jour, mais je préfère ça que démarrer le tracteur et distribuer du fourrage. » L’avantage de cette organisation, c’est qu’il n’y a pas de temps mort au niveau du robot. Au printemps, le nombre de traites par jour est compris entre 2,1 et 2,2 (2,4 à 2,5 en hiver). « Avec ce système, nous n’avons aucune vache en retard de traite pendant le pâturage ! », apprécient également les éleveurs, qui constatent que la composition des lots évolue finalement peu au fil de la saison. Les vaches adoptent un cycle de traite quotidien et ne changent pas de lot.  

« Pendant la saison de pâturage, le robot trait six vaches à l’heure la nuit, observe Denis Denion. C’est souvent moins en moyenne dans les élevages équipés de robot. Je pense que les vaches sont d’autant plus motivées à passer au robot qu’elles savent qu’elles pourront sortir à l’herbe après la traite. » Il est important de proposer une herbe au bon stade, sinon il devient plus difficile de faire sortir les vaches.

Il reste 5 à 6 kg de maïs ensilage distribué à l’auge

Concrètement, l’élevage a dédoublé son nombre de paddocks. Aujourd’hui les vingt hectares de ray-grass anglais-trèfle blanc sont découpés en douze paddocks de 1,75 hectare, avec un point d’eau commun à deux enclos. Chaque lot reste trois jours dans le même paddock. « La gestion de l’herbe est plus facile dans ceux qui accueillent le premier lot, remarque Jérôme. Les vaches sont enfermées dedans de 2 h du matin à midi, elles n’ont pas d’autre choix. » Ceux du second lot sur lesquels les vaches pâturent en journée, avec la possibilité de revenir dans le bâtiment, est moins facile à faire raser. C’est pourquoi les paddocks du lot 1 sont dédiés au lot 2 au tour suivant. Jérôme a conscience que la gestion du pâturage mériterait encore d’être améliorée. « Par exemple, aujourd’hui le troupeau sort à l’herbe du 15 mars au 15 juin ; on a tendance à attendre trop longtemps qu’il y ait un stock d’herbe suffisant pour lâcher les vaches. Mais l’an prochain, on va essayer de les sortir dès la mi-février. La portance ne devrait pas poser de problème sur nos terrains sableux. »

En pleine saison de pâturage, les éleveurs descendent à 5-6 kg MS de maïs ensilage distribué à l’auge, sans correcteur azoté. Les vaches reçoivent au robot du tourteau de colza tanné et une VL 2,5 l avec un plan de complémentation adapté au niveau de production. « Le fait de continuer à pâturer en lots a permis de limiter la hausse du coût alimentaire liée à l’arrivée du robot ", commente Denis Denion.

Une gestion par lot seulement au printemps

En fin de saison de pâturage, les vaches continuent de sortir à l’herbe de 9 h à 17 h après leur passage au robot, mais toutes sur le même paddock, sans distinction. Elles reviennent par l’autre extrémité du bâtiment quand elles veulent. « À 17 h, je rentre celles qui sont encore dehors, indique Jérôme Corbin. Le robot autorise ensuite les sorties après 22 h. Le matin, je ramasse tout le troupeau pour le ramener au bâtiment, mais en général ce n’est pas la peine, les vaches rentrent dès qu’elles entendent le tracteur démarrer. »

À l’automne, les éleveurs maintiennent ce fonctionnement, sauf si l’herbe est suffisamment poussante. Dans ce cas, les deux lots sont remis en place. Malheureusement, ce n’est pas le cas cette année…

Côté éco

- En période de pâturage, le coût alimentaire s'élève à 85 €/1 000 l (dont 38 €/1 000 l pour les concentrés).

- En période hivernale, il se chiffre à 132 €/1 000 l (dont 69 €/ 1 000 l pour les concentrés). 

- En moyenne sur l'année, le coût alimentaire est de 126 €/1 000 l (dont 64 €/1 000 l pour les concentrés). À titre de comparaison, celui du groupe robot Seenovia approche 137 €/1 000 l (dont 66 €/1000 l pour les concentrés). Le coût alimentaire inclut le coût des fourrages rendus à l'auge (charges opérationnelles, charges de mécanisation et charges foncières comprises).

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