Récolte du maïs épi : les quatre erreurs à éviter

1 - Ne pas calculer ses besoins pour intégrer le maïs épi dans l'assolement

Sur quoi porte la sélection du maïs épi ?

Riche en énergie, le maïs épi est un bon moyen de reconcentrer une ration en énergie. Le choix doit se porter sur une variété de maïs dentée, typée grain, au potentiel grain et amidon élevé. Il est important de bien calculer son besoin annuel pour l’intégrer à l’assolement. « L’idéal pour une bonne valorisation du maïs épi est de ne pas avoir de rupture dans l’alimentation et donc d’en utiliser toute l’année, sauf si l’on ne veut pas avoir de silo à gérer en été, estime Mickaël Sergent, nutritionniste chez Seenovia. Dans tous les cas, il faut bien calculer ses besoins, en intégrant un report de stock de maïs, pour établir l’assolement. »

Quel apport en maïs épi pour la vache laitière ?

Comme le maïs épi apporte surtout de l’amidon et qu’une vache laitière valorise au maximum 25 % d’amidon, le maïs épi doit être positionné sur une ration diversifiée. « La ration doit comporter au moins 3 kg MS d’herbe et ne pas dépasser 22-23 % d’amidon, précise le nutritionniste de Seenovia. Sinon, il y a du gaspillage et une surcharge de l’intestin pouvant entraîner des symptômes hémorragiques chez les vaches laitières. »

2 - Une récolte trop tardive du maïs épi

Quel est le taux idéal de matière sèche pour la récolte du maïs épi ?

Le stade de récolte du maïs ensilage pour une conservation optimale au silo est de 53-55 % de matière sèche. Si la matière sèche dépasse 60-65 %, les fermentations seront très limitées. Un maïs épi trop sec est aussi difficile à broyer, ce qui se traduit par beaucoup de gros morceaux, indigestibles par la vache laitière. « Alors qu’avec un maïs à 56 % de matière sèche, la dégradabilité théorique de l’amidon est de 70-80 % en 24 heures, elle n’est que de 50-60 % en 24 heures avec un maïs à 65 % de matière sèche, ce qui signifie beaucoup de by-pass, signale Yann Martinot, responsable technique d’Elvup. Une partie va aussi refermenter dans le gros intestin, entraînant l’inflammation des parois intestinales des vaches laitières. »

Quels préparatifs pour la récolte du maïs ?

Récolter son maïs épi à la bonne date n’est pas si facile. Le passage de la récolte du maïs ensilage à celle du maïs épi nécessite d’équiper l’ensileuse d’un cueilleur à maïs, ce qui implique des aménagements et peut prendre une demi-journée. Comme les chantiers de maïs épi sont plus limités que les chantiers de maïs ensilage, ils ne sont pas prioritaires. Il est donc important d’informer son prestataire d'ensileuse à l’avance des surfaces à récolter et des dates prévues et de suivre de près la matière sèche. « Si le taux de matière sèche de l’épi dépasse 60 %, il faut ajouter de l’eau. Environ 100 litres par tonne de matière brute », conseille Yann Martinot.

Comment adapter l'ensileuse à la récolte de maïs ?

Veiller aussi à ce que les éclateurs de l'ensileuse soient serrés au maximum pour broyer le plus fin possible le maïs et faciliter la solubilisation de l’amidon.

3 - Faire l’impasse sur les conservateurs d'ensilage

Quels sont les dangers de la moisson tardive ?

Le maïs épi est un des fourrages les plus difficiles à conserver. Comme la récolte du maïs épi est tardive, le fourrage contient souvent beaucoup de champignons. Et comme les sucres solubles y sont limités, les bactéries qui utilisent ces sucres ne sont pas très actives. Il y a un vrai risque de développement de moisissures, voire de mycotoxines, qui risquent d'être préjudiciable à la santé animale.

Quels conservateurs choisir ?

Il est conseillé d’y ajouter des conservateurs de fourrages tels que l’acide propionique ou des bactéries lactiques hétérofermentaires. Le conservateur aide à la conservation du maïs sur la durée et stabilise le front d’attaque à l’ouverture du silo. « Il y a trop de risque à faire l’impasse, estime Yann Martinot d'Elvup. La dose conseillée en bactéries hétérofermentaires est de 300-500 000 UFC/g. Le coût, de 2 à 3 €/t MB, n’est pas négligeable, mais pas énorme. Il faut en mettre systématiquement. »

Quelles autres techniques pour préserver l'épi de maïs ?

Une bonne conservation au silo implique aussi un étalement en couches fines (10 cm), un tassage énergique du silo et l’utilisation d’une double bâche, comportant un film imperméable à l’oxygène, surtout si l’on veut conserver l’ensilage toute l’année.

4 - Mal dimensionner son silo et risquer l'échauffement

Quelle est la longueur et la largeur idéal du silo ?

Un point essentiel pour éviter l’échauffement et assurer la bonne conservation du maïs épi est la vitesse de désilage. Elle doit être de 15 cm par jour l’hiver et 30 cm l’été. Il faut donc privilégier la longueur du silo. Si l’objectif est d’en utiliser toute l’année, 60 mètres de silo sont en général nécessaires, avec une hauteur limitée, de 50-60 cm. La largeur du silo ne doit pas être trop importante, mais suffisante pour pouvoir faire des passages croisés de tracteur pour bien tasser, donc au moins 5 mètres.

Quelle est la durée de fermentation pour un épi de maïs ?

Mieux vaut éviter aussi d’attaquer trop tôt le silo, une bonne conservation implique au moins deux mois de fermentation. Si on veut utiliser le maïs épi toute l’année, le dimensionnement du silo doit intégrer au moins deux mois de stock de report de maïs. Une autre possibilité est de faire de l’enrubanné pour éviter la problématique de vitesse de reprise en fermentation.

Suivre le taux de matière sèche du maïs épi

Pour suivre le taux de matière sèche, l’idéal est d’analyser l’épi en entier. Une possibilité est aussi de faire régulièrement un échantillon de grain et de le faire analyser par son négociant ou sa coopérative. Pour un taux de matière sèche de l’épi de 52-58 %, il faut viser 38-40 % d’humidité du grain de maïs.