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Projet Ecopêche 2 : une forte réduction des IFT est possible mais au détriment des performances du verger

Le projet EcoPêche 2 qui vise à concevoir des vergers de pêche et nectarine économes en produits phytosanitaires, s’achèvera en 2023. Les résultats à mi-parcours montrent qu’une forte réduction des IFT est possible, mais au détriment des performances du verger.

Le projet EcoPêche 2 (2019-2023) mis en place dans le cadre du plan Dephy Expé Ecophyto II+, a pour objectif de poursuivre l'évaluation des performances multicritères des vergers de pêche-­nectarine économes en produits phytopharmaceutiques, conçus et plantés dans le cadre du projet Expé EcoPêche 1 (2013-2018). Il rassemble autour du CTIFL sept structures de la recherche et de l’expérimentation dans le Gard, la Drôme, les Pyrénées-Orientales et le Vaucluse. Il vise également à explorer la faisabilité de nouveaux systèmes agroécologiques et technologiques très ambitieux, avec réduction de 80 % des indices de fréquence de traitement (IFT) par rapport à la pratique conventionnelle.

À mi-parcours, les objectifs environnementaux sont atteints sur la plupart des dispositifs en place. Cependant, cette forte réduction du recours aux produits phytopharmaceutiques de synthèse a ­pénalisé les performances agronomiques et technico-économiques des systèmes de culture, malgré la mise en place de combinaisons de leviers destinées à atténuer les pertes dues aux maladies et ravageurs. Les systèmes de conduite ECO+, qui visent une réduction de l'IFT de 70 à 80 % par rapport à la modalité PFI, ont permis de réduire très fortement les IFT hors biocontrôle. En 2019, par rapport à la modalité PFI, la réduction des IFT hors biocontrôle est d'environ 75 % ; en 2020, de 84 % et en 2021, de 88 %.

Très difficile de se passer des fongicides

En considérant uniquement les IFT hors biocontrôle, les herbicides chimiques ont été presque complètement supprimés car ils ont été remplacés par la mise en place de bâches tissées sur le rang ou par du travail du sol. L'utilisation de produits insecticides de synthèse a également été très fortement réduite. L'enseignement principal réside dans le fait qu'il est particulièrement difficile, en culture de pêcher, de se passer de traitements fongicides de synthèse.

Si les objectifs environnementaux ont été atteints, les stratégies mises en place se sont accompagnées d'une réduction de productivité assez marquée. En moyenne, le rendement brut cumulé a ainsi été réduit de 14 % (9 % en 2019, 19 % en 2020 et 12 % en 2021). Si on considère les rendements commercialisés, la différence entre les deux modalités s'accentue pour atteindre -20 % pour la modalité ECO+ par rapport à la modalité PFI (-14 % en 2019, -25 % en 2020 et -26 % en 2021). Cette accentuation s'explique par un taux de déchets plus importants sur les modalités ECO+.

Les coûts moyens de production – coûts de main-d’œuvre et coûts des intrants – sont inférieurs pour la modalité ECO+ à 5 513 euros par hectare par rapport à la modalité PFI qui se situe à 9 525 euros par hectare. Cette différence s'explique notamment par des temps de travaux réduits de 24 % en raison de niveaux de rendement moins élevés. Pour le coût des intrants, on observe une prépondérance des coûts des produits de biocontrôle pour la modalité ECO+ et pour la modalité PFI une prépondérance des coûts de protection hors biocontrôle.

Des coûts de production plus élevés

En conséquence des niveaux de production plus faibles de la modalité ECO+, les coûts de production sont plus élevés pour cette modalité : +17 % en moyenne sur les trois campagnes. La marge partielle moyenne, c'est-à-dire le chiffre d'affaires bord verger diminué des coûts de production, est réduite de 84 % pour la modalité ECO+ par rapport à la modalité PFI, principalement du fait de la réduction du chiffre d'affaires. La marge partielle ne prend pas en compte les coûts d'amortissement.

Les dernières années du projet EcoPêche 2 permettront de confirmer ou d'infirmer les observations réalisées depuis 2019, et d'évaluer au mieux les performances et la résilience des différents systèmes. Le curseur environnemental a été poussé très loin avec une réduction de 80 % des IFT. À terme, dans un contexte de production « réaliste » et économiquement viable, il sera nécessaire de trouver le meilleur compromis entre le nombre et les types de leviers mobilisés, les objectifs de performance (acceptation de perte) et la viabilité économique des systèmes de cultures.

Un autre point important qui ressort de ce projet est le fait qu'une démarche vertueuse environnementalement induit, la plupart du temps, une perte économique, ou, au moins, un plus fort aléa de production selon les années. Si cette prise de risque n'est pas compensée économiquement, les systèmes de cultures économes en produits phytopharmaceutiques de synthèse seront moins performants et moins durables économiquement.

Julien Ruesch, Baptiste Labeyrie (CTIFL), Yannick Montrognon (Sefra), Myriam Codini (CA66/Centrex), Eric Hostalnou (CA66), Stéphanie Drusch (INRAE Gotheron), Julie Borg, Daniel Plénet (INRAE PSH Avignon), Valérie Gallia, Maële Guiraud (SudExpé), Christophe Mouiren (GRCeta Basse Durance), Philippe Blanc (Ceta Vidourle)

Infos CTIFL mars 2022 – Projet Dephy Expé EcoPêche 2 : bilan à mi-parcours.

De nombreux leviers actionnés

Les stratégies utilisées reposent sur plusieurs leviers agissant selon différents modes d'action : la reconception par la forme des arbres, la densité de plantation et la couverture du verger ; l'efficience par l'optimisation de la pulvérisation ou la substitution par l'utilisation de produits de biocontrôle ou de lutte physique. Elles sont mises en place à plusieurs niveaux de la vie du verger, que ce soit à la conception du verger avec la densité de plantation, le système d'irrigation, etc. ; durant la phase de production avec l'utilisation de produits de biocontrôle, de protection physique du verger, etc. ; ou en phase post-récolte avec la thermothérapie.

La moindre vigueur des arbres réduit les temps de travaux

Les temps de travaux, hors temps de récolte, sont plus faibles pour les modalités ECO+ que pour la modalité PFI : -20 % en 2019, -20 % en 2020 et -15 % en 2021. La différence entre les deux modalités s'explique notamment par une moindre vigueur des arbres conduits en ECO+ car ils sont affaiblis par la réduction de la protection phytopharmaceutique, ce qui engendre des temps de taille et d'éclaircissage moins importants, les arbres étant moins volumineux et moins chargés.

Si on rapporte les temps de travaux à la production commercialisée, les deux modalités présentent des valeurs assez comparables : en 2019, -3 % pour la modalité ECO+ comparée à la modalité PFI ; en 2020, +31 % et en 2021, +10 %. Les valeurs vont de 30 à 55 heures de la tonne commercialisée selon les campagnes de production. La variabilité importante entre les années s'explique essentiellement par une différence de rendement.

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