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Au Gaec du Moulin Rouge, dans le Nord
Une conduite qui s'appuie sur le troupeau laitier

Un troupeau de 80 mères blanc bleu et un troupeau de ??? laitières. Sébastien Désert tire parti de cet atelier lait pour optimiser la conduite et les débouchés de l'atelier allaitant.

Sébastien Désert s'est installé en 2011 sur la ferme familiale avec son frère Guillaume (installé, lui, en 2004) à Potelle, dans le Nord. Ils sont à la tête à la fois d'un atelier naisseur-engraisseur bovins viande, d'un atelier cultures (180 hectares) et d'un atelier lait (1,7 million de litres). Sébastien est responsable des deux ateliers bovins qu’il gère avec les salariés de la ferme. Son frère est responsable de l’atelier culture, de l’entretien du matériel, des ensilages et de la fauche.

« Mon père a démarré les vaches allaitantes en 1995 avec une dizaine de vaches charolaises, explique Sébastien. À compter de 2005, il a commencé à faire du croisement d’absorption avec des animaux de race Blanc Bleu. Depuis 2010, le troupeau est conduit en race pure. Le croît interne a été privilégié, juste quelques achats (15 vaches et 15 génisses) ont été consentis pour atteindre aujourd’hui 80 mères. Toutefois, l’exploitation affiche 96 naissances blanc bleu car 15 veaux sont nés d’embryons sur laitières. Je cherche à progresser plus rapidement en génétique. Je procède ainsi pour ramener du muscle et produire des carcasses lourdes pour une meilleure valorisation, tout en augmentant le cheptel sans achat. J’ai par ailleurs un nombre trop important de génisses laitières dans mon troupeau laitier, ce qui me permet de les utiliser comme mères porteuses. »

Objectif vêlages à 24 mois pour l’ensemble des génisses

Les vêlages ont lieu toute l’année sauf du 15 juin au 15 août, le temps des moissons, période au cours de laquelle est réalisé un vide sanitaire dans le parc à césariennes. Toutefois, 90 % des mises bas ont lieu du 15 août au 15 février. « À l’avenir, je pense concentrer les vêlages sur la période hivernale. » Les premières génisses vêlent à 24 mois, les plus âgées à 30 mois, mais Sébastien Désert souhaite les faire toutes vêler à 24 mois. Les primipares sont conduites à part. Toutes les génisses sont mises à la reproduction pour éviter de vendre des carcasses trop légères.

L’insémination est privilégiée sur l’exploitation. Aujourd’hui, 90 % des femelles sont mises à la reproduction de cette manière. Les semences sont achetées en Belgique dans le centre BBCI (Belgian Blue Cattle International). Un suivi repro est effectué à trente jours. Une fois les futures reproductrices confirmées gestantes, si c’est la saison de pâturage, elles sont mises à l’herbe en pâturage tournant avec un taureau qui peut rattraper éventuellement une bête qui coulerait. Les vaches sortent fin mars-début avril, les génisses de 1 à 2 ans entre le 10 et le 15 avril. L’hiver, elles ont une ration à base d’herbe et de maïs ensilage et de paille.

Les bêtes prêtes à vêler sont ramenées dans un box à côté de celui des césariennes. « Je prends les températures des gestantes tous les soirs à 17 h. Si je constate une baisse de 0,5°C, je fouille l’animal pour regarder si le col a commencé à s’ouvrir. Dans ce cas, je téléphone au vétérinaire qui vient dans la foulée pour réaliser la césarienne. Dans le cas contraire, je me lève dans la nuit, puis à 6 h pour surveiller la bête. J’attends que la mise bas soit suffisamment engagée pour éviter par la suite des problèmes de délivrance. En moyenne, 70 % des césariennes ont lieu le soir après la prise de température de 17 h et 5 % la nuit », souligne Sébastien Désert.

Des veaux conduits autour de l’atelier lait pour simplifier le travail

Pour, d’une part, faciliter l’organisation du travail avec les deux troupeaux et, d’autre part, parce qu’il n’a pas été prévu au niveau des infrastructures de laisser les veaux avec les mères, les veaux blanc bleu sont conduits comme les veaux laitiers de la naissance à 15 jours – 3 semaines en niches. « Je regarde tout de suite les nombrils et les désinfecte. J’emmène les veaux dans une brouette aux niches. Dans les trente minutes suivant la naissance, ils doivent avoir reçu le colostrum : soit celui de leur mère s’il est possible de la traire, soit celui d’une traite de vache laitière vaccinée contre les diarrhées néonatales. » Ils reçoivent pendant cinq à six jours du colostrum, puis pendant trois semaines du lait entier à hauteur de trois litres, deux fois par jour.

A partir de 3 semaines et jusqu’à 7-8 mois, les veaux sont placés dans un bâtiment de 100 places avec une ventilation dynamique. Construit en novembre 2015, ce bâtiment est venu répondre aux problèmes respiratoires observés l’hiver sur les veaux. Il a été accolé au hangar de stockage du matériel, « ce qui perturbe un peu les entrées d’air sur le côté du bâtiment et diminue la luminosité. Toutefois, on a gagné 150 à 200 grammes de GMQ par rapport à l’ancien bâtiment mais aussi en confort et temps de travail. Un couloir de paillage a été mis à l’arrière du bâtiment, les veaux disposent ainsi de paille fraîche en permanence », souligne l’éleveur. À 3 semaines, les veaux sont conduits en petits lots (5 par case) puis ils avancent dans le bâtiment et passent à huit par case. Le bâtiment est curé tous les quinze jours ou trois semaines. De 3 semaines à 5 mois, les veaux sont nourris avec du lait, à 70 % entier et à 30 % en poudre. « Je procède ainsi, pour réchauffer le lait qui refroidit le temps que je m’occupe des nouveaux nés. À partir de 1,5 mois, les veaux reçoivent 4 à 4,5 litres deux fois par jour, puis à 5 mois une fois 4 litres. En complément, ils ont de la naissance à 3 mois 60 % d’épeautre aplati et 40 % de VL22 acheté. Puis un aliment deuxième âge jusqu’à 6-7 mois : un VL 18 reconstitué avec 10 % de paille, 10 % de mélasse, 1,6 % de minéraux, 6 % de soja 50 et pour la même hauteur (environ 16 %) de la pulpe sèche, de l’orge, de l’épeautre et du maïs grain. À partir de 5 mois, je commence à leur distribuer la ration des laitières (ensilage herbe et maïs, soja) », ajoute Sébastien Désert. Le coût alimentaire de l’atelier viande est de 726 euros par équivalent vache-veau.

Des filières locales privilégiées

Ainsi, de la naissance à 2 mois, les veaux ont un GMQ de 600 -700 g/j, puis de 2 à 6 mois de 1 200 à 1 300 g/j. L’hiver, les animaux de 1 à 2 ans ont une ration composée de 70 % d’ensilage d’herbe, de 30 % de maïs ensilage et de 2 kg de VL18. Au pré, ils ont 2 kg de VL18 en plus de l’herbe pâturée. Les veaux sont vaccinés contre la grippe, les mères contre le BVD.

« Pour l’instant, pour surveiller les bêtes au pâturage (les ilots étant éloignés de la ferme) et les affourager au besoin, nous avons l’aide des trois cédants et de notre père, ce qui représente le travail d’une UTH. »

Filières locales et circuits courts sont privilégiés : 15 à 20 % des animaux sont vendus au travers de la filière qualité Leclerc, 15 à 20 % sur quatre concours de bêtes grasses et le reste par l’intermédiaire d’un marchand en bestiaux qui remet à un chevillard pour le marché local.

Ramener de la viande pour alourdir les carcasses
Chiffres clés

En 2016

330 ha dont 150 de prairies naturelles, 70 de blé, 45 de maïs ensilage, 15 de colza, 15 de pois de conserve, 7 d’escourgeon, 7 d’épeautre, 7 de betteraves sucrières et 5 de maïs grain ; à cela s’ajoutent 15 à 20 ha de ray-grass en dérobés.
96 vêlages naisseur-engraisseur, 432 jours d’IVV, taux de mortalité 11,2 %, vêlage à 27 mois, taux de réforme 40 %
1,8 UGB/ha de SFP
3,8 UTH dont 2 associés et 1,8 salarié + 1 UTH d’aide familiale et cédants
1 040 g/j de GMQ de la naissance à 6 mois pour les mâles, 961 g/j pour les femelles de 0 à 5 mois, 59 992 kg vifs produits
Atelier laitier ?
Avis d'experts

Didier Oden et Nicolas Maréchal, conseillers d’élevage à Bovins croissance dans le Nord

« Un choix de race cohérent avec l’exploitation »

« Le choix de la race Blanc Bleu par Sébastien Désert est cohérent avec son exploitation. Certes, il a des charges élevées en lien avec la faible capacité d’ingestion de la race. Par contre, il bénéficie d’un prix et d’un rendement viande qui lui permettent d’obtenir un coût de production dans la moyenne régionale. Sébastien Désert maîtrise très bien le plan alimentaire. Aujourd’hui, il travaille sur l’amélioration des performances et de la part génétique de son troupeau, c’est pourquoi il fait appel à la transplantation embryonnaire. C’est quelqu’un qui aime voir ce qui se fait à l’extérieur, pour continuer à s’améliorer et trouver des idées. Sa production de jeunes bœufs est par ailleurs très intéressante sur son exploitation. Chez lui, les bœufs ont toute leur place. »

Des bœufs commercialisés à 27 mois en moyenne

Chaque année, Sébastien Désert élève une trentaine de bœufs qu’il commercialise à 27 mois en moyenne. « Je castre les mâles à l’élastique entre 15 jours et 3 semaines d’âge. À l’automne, lorsque les bœufs rentrent du pâturage, je les mets à l’engraissement s’ils ont atteint un poids vif de 650 kilos. Ils ont alors entre 20 et 24 mois », explique l’éleveur.

L’engraissement dure quatre mois. Les bœufs reçoivent alors un mash fermier composé à 40 % d’un aliment du commerce avec sept matières premières dont du lin, de la pulpe sèche (35 %), de la paille (10 %) et du maïs grain (8 %), réalisé à la mélangeuse toutes les trois semaines. Ce mash est distribué à volonté avec un peu de foin (500 g à 1 kg).

Les plus jeunes mâles sont vendus à 24 mois, les plus vieux à 30 mois. Ils sont commercialisés soit par le biais de la filière Leclerc, soit lors de concours de bêtes grasses ou en local par l’intermédiaire du marchand en bestiaux. Les bœufs atteignent les 490 kilos de carcasse pour un prix de vente moyen de 5,89 €/kg carcasse. « Ils sont très constants en qualité. Je n’ai jamais eu de retours négatifs sur ce point », souligne Sébastien Désert.

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