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Marchés de bétail vif : le nombre d’animaux diminue mais les apporteurs restent fidèles aux marchés

Les quarante-deux marchés adhérents à la FMBV ont perdu 5,8 % d'animaux sur l'année 2024, ce qui représente un résultat raisonnable par rapport à la conjoncture sanitaire et à la contraction du cheptel. Le "modèle" marché au cadran progresse encore.

La Fédération des marchés de bétail vif a tenu son congrès annuel à Réquista, en Aveyron, plus gros marché ovin de France en effectif, qui a basculé en 2024 en cadran avec garantie de paiement. A cette occasion la FMBV dresse un état des lieux de ce circuit de commercialisation.

Bruno Debray, le président, et Sophie Villanova, la directrice, ont présenté un bilan chiffré de l’activité en 2024. Au total, les quarante-deux marchés adhérents à la FMBV ont permis l’échange de 426 000 gros bovins (maigres, finis et broutards). Avec une perte de 5,8 % par rapport à 2023, contre -10,6 % l’année précédente, les représentants de la FMBV estiment que la baisse des échanges est plutôt raisonnable compte tenu de la conjoncture sanitaire actuelle, liée aux maladies vectorielles, et de la contraction continue du cheptel ces dernières années.

En 2024, pour la première fois, les marchés de bétail vif au cadran, toutes espèces confondues, ont dépassé les marchés de gré à gré, avec 50,3 % des animaux vendus. Concernant l’ensemble des gros bovins, 58 % sont vendus au cadran. Seuls les gros bovins de boucherie sont encore majoritairement échangés de gré à gré. Accompagnés par la FMBV, plusieurs projets de conversion sont en cours de réalisation courant 2025, comme Laissac et Bourg-en-Bresse, par exemple.

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Avec une perte d’effectif de 10 %, le gras semble être la catégorie la plus impactée par la baisse généralisée des apports. « Ce recul préoccupant est une vraie tendance de ces dernières années », commente Sophie Villanova. « En plus du facteur décapitalisation, il semble que les éleveurs vendent de plus en plus en ferme leurs bovins finis, motivés par des prix attractifs ». En 2024, 3 % des gros bovins de boucherie abattus en France ont été vendus sur un marché, contre 4 % en 2022.

Le marché de Laissac (Aveyron) occupe la deuxième place pour les gros bovins de boucherie avec 15 263 ventes en 2024. « On constate aujourd’hui un regain d’intérêt côté acheteurs, malgré un prix qui ne cesse d’augmenter, jusqu’à plus 30 % en moyenne depuis début 2024 », constate David Minerva, le maire de Laissac. « Nous assistons même au retour des bouchers. Si l’effectif est plutôt stable chez nous (-1,8 % en 2024), on constate que le marché du gras est tendu par manque d’animaux. Le bas de gamme bénéficie de la meilleure hausse due à une forte demande en steaks hachés : entre janvier et mai 2025, le prix des vaches classées R a augmenté de 9 %, contre 20 % pour les carcasses O ».

La filière broutards toujours sous tension

Au niveau des broutards, le ralentissement des naissances en ferme se ressent toujours dans les apports sur les marchés, avec une perte de 6 % sur l'année 2024 (contre une baisse de 9,2 % en 2023). Les engraisseurs français ayant réussi à stabiliser leurs achats, c’est l’export qui pâtit le plus de la baisse d’effectif.

Le marché de gré à gré de Châteaubriant (Loire-Atlantique) se place en tête du palmarès 2024 des broutards avec 25 599 individus. « Notre spécificité est d’être en majorité un marché de négociants », explique Fabrice Moquet, un de ses représentants. « Plusieurs races se côtoient, surtout charolaise, limousine et blonde d’Aquitaine. On remarque actuellement que tout se vend, du plus petit au plus gros. L’offre est tellement réduite (-6,6 % en 2024) que les acheteurs sont moins difficiles. Il en découle un prix élevé qui a priori devrait se maintenir tant la conjoncture est porteuse ».

A contrario de la tendance nationale, sur le marché des Hérolles (Vienne), le nombre de broutards vendus en 2024 a bondi de près de 9 %. « Pour l’instant nous compensons la baisse du cheptel par un fort détournement des autres circuits de commercialisation. Nous attirons les jeunes éleveurs en leur proposant un mode de vente moderne, efficace, avec des prix attractifs et un paiement garanti sous 48 heures. Notre force est aussi de permettre aux apporteurs de s’évaluer par rapport aux autres élevages, d’échanger sur l’alimentation, et surtout de savoir ce qu’attendent les acheteurs ».

Les gros bovins maigres sont à l’équilibre

Concernant le maigre, la baisse est limitée à 1,6 %, compensée par une augmentation des animaux de réforme, la reproduction étant perturbée par les problèmes sanitaires actuels.

A Saint-Christophe-en-Brionnais (Saône-et-Loire), la charolaise prête à engraisser est reine. « Nous attirons des engraisseurs de toute la France, ainsi que des exportateurs. Nos apporteurs sont quant à eux panachés entre éleveurs et commerçants. C’est ce qui nous a permis de limiter à 7 % la baisse des effectifs liée à la MHE, vu que nous sommes toujours en zone indemne », évoque Guillaume Berger, le responsable des ventes. « Avant la mise en place de la zone, l’effectif était même supérieur à 2023. Actuellement nous atteignons des records, avec un prix moyen qui a encore augmenté de 20% au premier trimestre 2025, comparé à la même période en 2024. Le taux de vente s’élève à 95 % contre 90% l’année passée ».

Lire aussi : Pourquoi le cheptel bovin a-t-il tant reculé dans l’Union européenne en 2024 ?

Malgré la baisse généralisée, certains marchés tirent leur épingle du jeu. C’est le cas du cadran de Mauriac, dans le Cantal, dont les apports de gros bovins ont bondi de 18,5 % en 2024 : +6,4 % sur le gras, +17,2 % sur les broutards et + 24,1 % sur les gros bovins maigres. Michèle Chastan, la présidente du marché, décrypte ces résultats. « Tout d’abord, nous sommes au cœur du bassin allaitant, dans une région où nous n’avons d’autre alternative que l’élevage. Nous sommes donc moins touchés par la décapitalisation. En outre, nous avons vu arriver de nouveaux opérateurs qui ont dû augmenter leur périmètre d’achat. Cette diversification des acheteurs a permis une forte augmentation des cours, plus marquée depuis septembre 2024. Le prix moyen toutes catégories confondues, soit du petit veau à la vache, a bondi de 33 % entre les premiers trimestres 2024 et 2025, avec un taux de vente moyen de 95 % (+ 3 %). Cette hausse de prix s’est accompagnée d’un afflux d’animaux de plus de 20 % entre les mêmes périodes. Les nouveaux apporteurs, en majorité des éleveurs, proviennent de notre zone, mais ont quitté d’autres circuits de commercialisation. Cette tendance a commencé sur les vaches de réforme, et se poursuit aussi sur les broutards ».

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Bilan des apports sur les marchés de bétail vif en 2024 (source FMBV)

 

 Gros bovins boucherieBroutardsGros bovins maigresTotal gros bovinsVeaux grasPetits veauxTotal bovins
Nombre de têtes94 973215 795115 234426 0028 238185 726619 966
Evolution 2024/2023-10 %-6 %-1,6 %-5,8 %-9,44 %-5,6 %-5,8 %
Part du total des bovins15 %35 %19 %69 %1 %30 %100 %
Part cadran/gré à gré33 %63 %68 %58 %66 %11 %44 %

 

source : FMBV

Bruno Debray, président de la FMBV : "Le marché est un gage de liberté"

Bruno Debray président de la FMBV et Michel Causse, maire de Réquista
Bruno Debray (à droite), président de la FMBV en compagnie de Michel Causse, maire de Réquista

« En 2024, les marchés de bétail vif ont mis en relation dix mille éleveurs avec mille opérateurs commerciaux, pour un chiffre d’affaires de 730 millions d’euros, dont 55 % sont garantis et versés en moins de sept jours. Les marchés au cadran, qui offrent tous une garantie de paiement, gagnent du terrain par rapport aux marchés en gré à gré. Le cadran est plébiscité par les éleveurs, car le prix de l’animal ne va pas dépendre de leur capacité de négociation, mais de sa réelle valeur. De plus il offre des possibilités d’évolutions technologiques, comme la vente à distance. Les commerçants quant à eux, ont encore une préférence pour le gré à gré, qui leur confère plus de marge de manœuvre et de confidentialité.

La baisse des apports s’infléchit mais se poursuit tout de même. Les marchés subissent la tendance de décapitalisation du cheptel français ainsi que la crise sanitaire. En outre, le niveau actuel élevé des prix de vente en ferme incite moins à apporter ses animaux jusqu’au marché. Ce détournement est particulièrement significatif sur le gras qui part directement à l’abattoir. Je tiens à rappeler que la force des marchés, c’est non seulement le prix, qui fait office de référence haute pour les autres circuits de commercialisation, mais aussi la garantie de paiement dans un délai inférieur à une semaine, alors que les autres opérateurs renvoient à vingt-et-un jours. Les marchés sont aussi un gage de liberté pour les éleveurs, exonérés des dispositions de la loi Egalim. Au sein de la FMBV, nos quarante-deux marchés adhérents peuvent échanger sur leurs pratiques, travailler ensemble. L’unité entre les marchés est indispensable pour défendre notre modèle économique et l’intérêt des éleveurs.»

Rédaction Réussir

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