Bâtiment d’élevage bovin : des capteurs pour un diagnostic d’ambiance précis et objectif
Eilyps réalise des diagnostics d’ambiance en bâtiment d’élevage bovin avec un dispositif de capteurs qui mesurent les flux d’air, la température, l’humidité, la qualité de l’air et la luminosité. Hervé Merrer, éleveur de limousines dans le Finistère, en a bénéficié.


« Nous ne nous basons plus sur des fumigènes pour faire un diagnostic d’ambiance en bâtiment d’élevage bovin, explique Louise Rouxel, consultante ventilation chez Eilyps, entreprise de conseil en Bretagne. Nous utilisons un dispositif portable composé de plusieurs capteurs d’ambiance connectés, pour un suivi précis et en temps réel de l’ambiance des bâtiments. »
Une station météo est placée à l’extérieur pour servir de témoin, et une station bâtiment est utilisée sur plusieurs points à l’intérieur du bâtiment (un point tous les 15 mètres). Les mesures sont enregistrées sur une demi-journée. Le dispositif donne la vitesse de l’air et sa direction. Ces deux paramètres permettent d’identifier les entrées d’air dans le bâtiment, les boucles d’air, les courants d’air… Il donne aussi la température ambiante et la température ressentie. La qualité de l’air est évaluée à partir de sa teneur en ammoniac, en CO2, et par la concentration en particules fines. Les capteurs mesurent aussi la luminosité.
« Ce dispositif permet d’évaluer la qualité de l’ambiance à toute période de l’année. En effet, ce sont les écarts entre l’intérieur et l’extérieur que nous étudions. Si des problèmes de ventilation surviennent au moment des coups de chaud, diagnostiquer le bâtiment en hiver permet d’avoir le temps de réaliser les premières adaptations avant l’été », remarque la consultante.
Un compte-rendu détaillé est restitué à l’éleveur, accompagné de propositions de mesures et d’un accès à une plateforme digitalisée. « Le plan d’action hiérarchise les mesures selon leur impact et leur coût : la ventilation naturelle est prioritaire. »
Augmenter le flux d’air
Hervé Merrer, éleveur de 90 limousines à Saint-Pol-de-Léon dans le Finistère, a testé cette méthode de diagnostic d’ambiance en 2020. Son bâtiment principal est relativement haut (7 m au faîtage) et assez large (20 m de large, 36 m de long), avec sur la façade sud un appentis de 5 m pour le couloir d’alimentation. Une extension orientée nord nord-est abrite sous un appentis de 11 m de large l’engraissement des jeunes bovins. « Il faisait bon dans le bâtiment et il n’y avait pas d’odeur d’ammoniac, sauf un peu au niveau des jeunes bovins. Mais je recensais quelques cas de maladies respiratoires sur les mères et les veaux », explique l’éleveur. Le diagnostic d’Eilyps a montré que comme le bâtiment est haut, l’air chaud montait et stagnait au-dessus des animaux, puis retombait faute de sortir. « J’ai également fait réaliser un diagnostic par un autre organisme, qui utilisait des fumigènes, mais les résultats étaient moins précis que le diagnostic par capteurs. »
Suite au diagnostic, Hervé Merrer a découpé le bardage bois pour aménager un espace de 20-25 cm de hauteur sous le toit côté sud-ouest et il a fait appel à une entreprise pour ajouter des écailles sur toute la longueur de la toiture. Des traverses de bois ont été posées sous les fibros pour les surélever, ce qui génère des ouvertures.
« Ainsi le vent rentre à différents niveaux de la toiture, ce qui redonne de la force au courant d’air pour qu’il sorte du bâtiment. » L’éleveur a aussi fait remplacer la tôle des portes du pignon sud-ouest par un bardage bois ajouré.
Au niveau des jeunes bovins, il a ajouté quatre plaques de sortie d’air suivant les conseils apportés (une par travée sauf aux extrémités) et quatre plaques d’entrée d’air. Résultat, le renouvellement de l’air est amélioré dans le bâtiment, sans pour autant créer des courants d’air.
Cela a été confirmé par l’audit de bilan réalisé en 2023 : l’air vicié sort au faîtage et ne retombe plus sur les animaux. « Les bovins sont en meilleure santé. La pose des écailles et le bardage du pignon sud-ouest ont coûté 3 500 euros, main-d’œuvre comprise. J’avais déjà acheté les sorties d’air il y a longtemps. »
Réchauffement climatique, humidité et ventilation
Le changement climatique n’impacte pas que la température. Pour 1 °C de pris sur la Terre, l’humidité de l’air augmente de 7 %, rappelle Louise Rouxel, consultante ventilation chez Eilyps. Le bâtiment d’élevage doit être adapté au climat de demain. La ventilation est importante pour évacuer ce surplus d’humidité de l’air ainsi que celle dégagée par les animaux qui transpirent davantage. Un bovin adulte produit jusqu’à 40 litres d’eau par transpiration en été.