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Gestion vitivinicole : VitiTag, un outil de traçabilité à tester gratuitement

Pour des motifs administratifs ou pour améliorer ses pratiques, la traçabilité est indispensable. Nous avons recueilli des retours d’expérience sur VitiTag, une solution bon marché, mise au point dans un domaine viticole.

L'outil VitiTag permet de tracer et d'analyser les travaux réalisé à la vigne comme au chai.
L'outil VitiTag permet de tracer et d'analyser les travaux réalisé à la vigne comme au chai.
© C. Gerbod

L’application de traçabilité et de gestion des travaux vitivinicoles VitiTag est née au sein du château Rioublanc, domaine viticole implanté à Saint-Ciers-sur-Gironde et dirigé par Philippe Carretero. Ce vigneron et ingénieur œnologue l’a développée avec son fils Paul Carretero qui a rejoint le domaine familial en 2018, diplômé d’un master de génie logiciel de l’université de Grenoble. L’idée était d’utiliser cette expertise informatique pour élaborer une solution de traçabilité et d’organisation qui soit vraiment adaptée aux travaux vitivinicoles, tout en étant facile à utiliser. Concrètement, VitiTag réunit un carnet de culture et un livre de cave avec le potentiel de saisie en direct, de mémorisation et d’analyse que permet le numérique.

 

 
L'ergonomie de l'application est adaptée pour l'usage via un smartphone.
L'ergonomie de l'application est adaptée pour l'usage via un smartphone. © C. Gerbod

L’outil ayant bénéficié de trois ans de mises au point et d’un an d’améliorations grâce à des vignerons testeurs, les Carretero cherchent à le diffuser plus largement. Ils le revendiquent comme une solution low cost, accessible quel que soit le niveau de maîtrise du numérique. Ils la proposent avec une gratuité d’un an, puis un coût de 20 euros par mois. La solution compte aujourd’hui une cinquantaine d’utilisateurs.

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Parmi eux figure Christophe Vergneau, vigneron au Château Rudelle à Thénac, en Dordogne. Il a connu l’existence de VitiTag par son frère, professeur d’informatique dans une MFR (maison familiale rurale). Il utilise déjà un logiciel spécialisé depuis de nombreuses années mais le trouve complexe. « Il fait beaucoup de choses mais c’est très lourd, on se noie dans les infos », témoigne-t-il. À la tête d’une exploitation de 70 hectares avec trois permanents, il est toujours à l’écoute de solutions pour gagner du temps. L’essai gratuit l’a incité à tester. 

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Devenir utilisateur suppose d’abord de joindre les Carretero. Ces derniers vérifient que leur produit est adapté au futur utilisateur et délivrent un identifiant et un lien d’accès personnalisé permettant un usage via ordinateur et mobile. Il n’y a pas de logiciel à installer. La solution est hébergée sur un serveur, en France. Les données y sont sauvegardées régulièrement. « VitiTag ne traite pas ces données. Chaque utilisateur en est responsable. Ce qui est enregistré est transparent », rassure Paul Carretero.

La solution est basée sur la géolocalisation

Christophe Vergneau a apprécié la facilité de mise en route. En une soirée, il a cartographié l’ensemble de son domaine et délimité les parcelles de travail. Il faut un peu plus de temps pour tracer les rangs de vignes. Il a aussi facilement importé le cadastre viticole.

Pour un usage optimal, le vigneron a opté pour l’achat complémentaire d’antennes GPS à prix coûtant proposé par VitiTag pour améliorer la précision de la géolocalisation. Il a aussi acquis des smartphones avec un accès Internet pour chacun de ses trois employés et pour lui-même. Au total, les frais engagés se montent à environ 3 000 euros.

Ayant commencé en juillet, il a déjà pu tester l’application au chai. Les opérations sur chaque cuve ont été saisies en direct grâce aux mobiles. Un changement apprécié par rapport aux tas de bouts de papiers saisis par le vigneron seul et souvent en décalé. La saisie reste une opération à réaliser avec régularité et forcément chronophage. « Même si on s’est efforcé de rendre les choses moins fastidieuses, toute traçabilité demande un effort », prévient Philippe Carretero. Il précise que des compromis ont été réalisés pour ne retenir que les informations vraiment utiles et garder une application « légère ».

L’organisation des chantiers est facilitée

Christophe Vergneau apprécie particulièrement la possibilité de planifier les travaux. Plus besoin d’appels le matin, chaque salarié voit en se connectant quel tracteur il doit prendre et sur quelle parcelle se rendre. Le temps passé, le sens et la vitesse d’avancement sont enregistrés. Si l’on s’arrête au milieu d’un rang, retrouver l’endroit précis pour reprendre la tâche est aisé. Les collègues ou le responsable sont facilement repérables en cas de besoin. C’est d’autant plus utile que l’exploitation de Christophe Vergneau est morcelée. « Certaines parcelles sont distantes de 18 km », souligne-t-il. En fin de journée, il peut identifier une tâche non finie et aller relayer le salarié pour la terminer.

La géolocalisation s’est également avérée très utile lors des vendanges. Grâce à l’antenne GPS dont Christophe Vergneau a équipé la machine à vendanger qu’il partage en Cuma, le vigneron a pu suivre l’avancement sur son écran d’ordinateur et se préparer à l’arrivée des tombereaux au chai.

Faute d’historique, il n’a pas encore exploité les possibilités d’analyse offertes par l’application. Mais il anticipe qu’il pourra étudier l’impact de l’usage de la machine à tirer les bois qu’il vient d’acquérir sur le temps de taille, la méthode devant être adaptée.

Son usage a été bien accepté par les salariés

Un des salariés était réticent à utiliser le téléphone mais il se trouve qu’il a quitté l’entreprise depuis. Les deux autres salariés l’ont accepté sans problème. Outre la praticité de la solution, ils ont vite perçu que l’application comptabilisait leurs heures de travail au fur et à mesure et à la minute près. « Il rend les salariés plus maîtres de leurs heures », constate Christophe Vergneau. Il se géolocalise également. « Je joue le jeu, ils savent où je suis, ce que je fais », précise-t-il.

L’intégration de nouveaux arrivants est facilitée. « Le téléphone peut amener un nouveau salarié dans la bonne parcelle », projette le vigneron. Au sujet de la cartographie, Paul Carretero tient à préciser qu’il a remplacé Google Map par les données IGN, jugeant cela plus sûr quant à la gestion des données personnelles.

Christophe Vergneau a noté quelques points à améliorer dans la gestion des heures travaillées, la plage étant prévue de façon standard du lundi au vendredi et de 6 h à 20 h. La prise en compte des RTT et des congés crée également un léger décalage avec la feuille de paye. Il va en faire part aux concepteurs et ne doute pas que ça sera amélioré.

VitiTag

- fonctions : organisation, traçabilité et analyse des travaux à la vigne et au chai

- conception : Paul Carretero, château Rioublanc

- support : web et mobile (Android et IOS)

- prix : 1 an d’essai gratuit puis 20 euros par mois + en option antenne GPS bluetooth vendue 190 euros HT (prix coutant)

« VitiTag n’essaye pas d’être une appli qui fait tout »

Pierre-Armand de Laguiche, vigneron au Château d’Arlay dans le Jura sur 15,6 hectares

 

Pierre-Armand de Laguiche, vigneron au Château d’Arlay dans le Jura sur 15,6 hectares.
Pierre-Armand de Laguiche, vigneron au Château d’Arlay dans le Jura sur 15,6 hectares. © P.A. de Laguiche

Je suis arrivé il y a trois ans dans l’exploitation familiale, je viens d’un autre secteur. L’un de mes objectifs est de gagner en efficacité par rapport aux moyens engagés. Au domaine, j’ai constaté que les informations étaient là mais qu’il fallait dépenser beaucoup d’énergie pour les retrouver. J’ai découvert VitiTag via Internet. J’ai été surpris par le niveau de développement de l’application. Je l’utilise principalement au chai mais je compte sur mon chef de culture, arrivé cet été, pour développer l’usage à la vigne, avec le suivi des heures et des personnes sur les parcelles.

Mais déjà, j’ai pu par exemple préparer le rendez-vous avec la coopérative pour l’achat des engrais en retrouvant les surfaces, la quantité épandue, les dates, les réglages. Idem pour le contrôle Ecocert où il a été très rapide de recalculer la quantité de cuivre par hectare selon la parcelle cadastrale, même si on la rentre à la parcelle travaillée.

Signaler un piquet à réparer ou un fil cassé est désormais très facile. On sort son smartphone, on localise ou on photographie. Un résumé reprend tout ce qu’il y a à faire.

Les fonctions sont adaptées selon le support. Sur Smartphone, le compteur de vitesse est très utile pour régler un semoir ou un pulvé. J’apprécie aussi que VitiTag soit conçu pour une utilisation interne. Si on fait une erreur de saisie, on peut corriger facilement ce qui n’est pas le cas avec une DRM automatisée où il faut se lancer dans des procédés comptables.

On sent que c’est pensé par un vigneron. La solution idéale n’existera jamais mais ce qui me plaît c’est que VitiTag ne tente pas d’être une application qui fait tout. L’outil essaye de faire peu de choses mais de les faire bien. Il n’y a pas de fonction inutile.

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