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Adhérer à une association de vigneronnes

En Alsace l’association de femmes du vin DiVINes fête ses dix ans cette année. Au-delà de l’aspect convivial, y adhérer apporte un vrai bénéfice sur le plan professionnel pour ses adhérentes. Rencontres.

L'Association DiVINes d'Alsace
Lancée en 2011, l'association les DiVINes d'Alsace réunit des vigneronnes et des professionnelles du vin dans le double but de s'entraider et de communiquer différemment sur les vins d'Alsace.
© DiVINes d'Alsace

Lorsqu’elle s’est lancée il y a dix ans, l’association DiVINes d’Alsace a voulu réunir des femmes du vignoble autour de deux grands objectifs : développer l’entraide et le partage ; organiser des événements pour promouvoir les vins d’Alsace autrement. « Nous avons eu une quarantaine de membres dès le début », souligne Mélanie Pfister, du domaine Pfister. Elle est l’une des fondatrices de l’association avec Aude Olive, conseil en communication, marketing et export du vin ainsi que Sylvie Spielmann, du domaine éponyme. Début 2021, 65 femmes étaient adhérentes. « S’il y a eu autant d’adhésions dès le départ, c’est qu’il y avait une vraie attente », estime Anne-Caroline Bernhard, du domaine Jean-Marc Bernhard. « C’est une vraie bouffée d’oxygène. Il n’y a pas d’objectif pécuniaire, pas de jugement, pas de compétition », renchérit Ludivine Dirler, du domaine Dirler-Cadé. Cet état d’esprit a séduit Marlène Dopff, du domaine Dopff-au-Moulin, arrivée dans l’entreprise il y a quatre ans et DiVINe depuis un an. « À la base, il y a une belle ouverture d’esprit. On arrive à s’entendre malgré les différences d’approche et de taille de domaines. Il n’y a pas de clans. » Les âges sont aussi diversifiés.

Construire son propre réseau professionnel pour s’émanciper

Dès sa naissance, l’association a joué l’ouverture à tous les métiers du vin. Pour les femmes arrivées dans une entreprise familiale sans être du milieu viticole, ou de retour au domaine après d’autres horizons, l’association allège l’impression souvent pesante d’être classifiée « la femme, la fille ou la sœur de… ». « Je n’avais aucun réseau dans le vin lorsque je suis revenue au domaine familial. Je suis rentrée dans l’association pour connaître d’autres personnes », témoigne Céline Stentz, du domaine Stentz-Buecher. Laure Adam, jeune femme ayant rejoint le domaine familial Jean-Baptiste Adam en 2010, se rappelle qu’elle n’en menait pas large dans les réunions où son père l’envoyait au début. « Adhérer aux DiVINes m’a permis de grandir dans le milieu. Je me suis sentie à ma place. J’ai énormément appris », considère-t-elle. « C’est un peu pesant de vivre les choses à travers son mari. Les DiVINes me permet d’avoir mon réseau à moi. C’est valorisant », confie Brigitte Calmès-Fleith, du domaine Vincent Fleith. « Accéder à un réseau a permis à certaines de prendre confiance en elles », atteste Véronique Muré, du domaine Muré, la présidente de l’association.

Echanger sur des questions techniques

Les DiVINes se rencontrent 6 à 7 fois par an, chez l’une d’entre elles. « C’est intéressant de voir comment les autres travaillent. Nous échangeons sur des sujets techniques car nous sommes chefs d’entreprise », témoigne Brigitte Calmès-Fleith. Ainsi, le 3 février dernier, une vingtaine d’adhérentes ont enfin pu se retrouver chez Marie Boesch, du domaine Léon Boesch, pour une visite de la cave bioclimatique suivie d’une dégustation de gewurztraminers secs. Un échange s’est engagé sur les vins de macération ou encore sur la vente de ces gewurztraminers moins typés. Les adhérentes apprécient beaucoup ce moment de dégustation, toujours thématique, prévu dans chaque rencontre, celles qui le souhaitent apportant une bouteille. Il est convivial tout en informant sur ce que font les autres ou sur des terroirs du vignoble qu’elles connaissent moins.

Mutualiser des commandes pour baisser les prix

Les questions techniques ou administratives se partagent aussi sur la page privée Facebook des DiVINes. Elles peuvent générer des initiatives d’achats groupés. « Covid-19 oblige, nous nous sommes toutes mises à faire beaucoup d’expéditions. Sur la page Facebook, je voyais passer beaucoup de messages sur le prix des transports et des cartons », témoigne Céline Metz, du domaine Hubert Metz. L’idée d’un achat groupé de cartons a donc germé. « Nous avons fait un fichier pour évaluer les besoins des adhérentes intéressées par des cartons de 6 et 12 bouteilles, puis initié un partenariat avec une entreprise locale en négociant les tarifs. Ça coûte la moitié du prix initial. »

La possibilité de mutualiser permet aussi à certaines de participer à des salons qui seraient inabordables en solo comme Prowein ou Wine Paris. « Ça permet de faire un salon trois fois au lieu d’une fois, si on était seule sur un stand », se réjouit Céline Stentz.

Lire aussi : Des vignerons unis pour mutualiser leur commercialisation 

Trouver de nouvelles façons de communiquer

Pour ses événements grand public, l'association des DiVINes veille à apporter de nouvelles idées pour conquérir de nouveaux publics, impulser du dynamisme. « Se mettre ensemble a plus de poids. Nous n’avons pas peur de chambouler les habitudes quand nous créons des événements », apprécie Laure Adam. Accords mets et vins, dégustations thématiques et ludiques, association avec des spectacles… l’idée est de sortir de la dégustation standard où chacune est derrière une table pour présenter ses vins.

Dans les différents événements, les femmes présentent leurs vins et ceux des autres participantes. « Il y a beaucoup d’entraide », apprécie Francine Klur, du domaine Klur. « Au début, on ne nous prenait pas trop au sérieux mais assez vite, on a monté des événements publics et pros et les gens se sont rendu compte que nous avions une force de proposition », se rappelle Mélanie Pfister. Véronique Muré mesure le chemin parcouru en rappelant qu’il y a dix ans, « les portes étaient difficiles à ouvrir pour les femmes dans le milieu du vin. Aujourd’hui, les DiVINes d’Alsace font partie du paysage ». L’association a donc trouvé sa place, et finalement, les conjoints, pères, frères, cousins… s’intéressent beaucoup à ce qui s’y passe.

Reste que le programme 2021, comme celui de 2020 est à la merci de la crise sanitaire. « Ce n’est pas évident de se projeter », se désole Véronique Muré. Fin avril, une opération est tout de même prévue avec les métiers de bouche de Strasbourg. Les DIViNes espèrent aussi pouvoir exprimer leur goût de la fête pour souffler leurs 10 bougies d’anniversaire.

 

 

repères

Les DiVINes d’Alsace

Membres : 65.

Professions : vigneronnes, commerciales, œnologues, sommelières, formatrices, chercheuses, consultantes…

Organisation : bureau de 9 adhérentes. Commissions formées au gré des projets.

Communication interne : groupe Whatsapp pour les membres du bureau ; page privée Facebook pour l’ensemble de l’association ; mails pour les événements internes.

Financement : adhésions (80 € par an en 2020) ; subventions de la région Alsace et du Comité interprofessionnel des vins d’Alsace (Civa) pour les événements d’œnotourisme ; soutien de certains de fournisseurs.

Des événements grand public et professionnels

L’association a créé deux événements organisés tous les deux ans en alternance : DiVINes & Vous, à vocation œnotouristique, et DiVINes & Sens, autour des accords mets et vins, mi-pro, mi-grand public. Elle organise la soirée Bienvenue en Alsace, à la veille du salon Millésimes Alsace tous les deux ans, qui accueille de nombreux professionnels étrangers. Elle est présente sur des salons comme Prowein ou Wine Paris.

S’y ajoutent des événements ponctuels et des partenariats, par exemple avec une galerie pour proposer des vins lors des vernissages, ou avec un théâtre de Colmar où une adhérente présente ses vins au bar.

Selon les événements, une participation financière est demandée aux adhérentes qui participent pour compléter ce que l’association prend en charge.

 

Une dizaine d’associations de femmes du vin en France

Les DiVINes d’Alsace font partie du cercle Femmes du vin qui rassemble 10 associations : Les Dames de Cœur de Loire, Étoiles en Beaujolais, Les Aliénor du vin de Bordeaux, Femmes et Vins de Bourgogne, Les Fa’bulleuses (Champagne), Éléonores de Provence, Femmes Vignes Rhône, SO Femme & Vin (Sud-Ouest), Les Vinifilles (Occitanie).

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