Comment tenir un gisoir propre en engraissement de porc?
Le caillebotis partiel semble séduire le grand public. Mais la gestion d’un gisoir est un sujet délicat en élevage. Des astuces sont nécessaires pour le maintenir propre.
Le caillebotis partiel semble séduire le grand public. Mais la gestion d’un gisoir est un sujet délicat en élevage. Des astuces sont nécessaires pour le maintenir propre.
Dans le cadre du projet Bâtiporc C4E piloté par l’Ifip, de nombreuses visites d’élevages ont été réalisées pour échanger avec des éleveurs sur une nouvelle génération de bâtiments d’engraissement multicritères. Ces derniers doivent à la fois répondre à la demande sociétale, trouver un bon compromis entre le bien-être de l’éleveur et celui des animaux et respecter l’environnement. Dans ce contexte, certains éleveurs ont construit des bâtiments en caillebotis partiel (avec des gisoirs soit au centre soit excentré sur un côté de la case) afin de proposer plusieurs types de sol à l’animal. L’objectif est de lui laisser le choix dans son occupation de la case entre différentes solutions afin de subvenir du mieux possible à ses besoins. Dans ce type de bâtiment, le principal défi est de trouver une solution pour que le gisoir soit perçu comme la zone de repos. Dans le cas contraire, les animaux peuvent prendre de mauvaises habitudes et très vite il devient sale (déjection et/ou urine). Les éleveurs et concepteurs de bâtiment ont trouvé des astuces pour améliorer la propreté des gisoirs en orientant le comportement des animaux.
1-Gisoir central : aménager la case autour du gisoir
Pour qu’un gisoir soit correctement utilisé par les animaux, il est important de reconcevoir notre approche dans l’aménagement du bâtiment. Il faut commencer par positionner le gisoir dans le milieu de la case, la plupart du temps, pour éviter les risques de déjections dessus. Ensuite, il faut aménager le reste de la case autour de celui-ci ; et non l’inverse. L’objectif est d’orienter le comportement de couchage sur la zone pleine et les déjections sur la zone caillebotis tout autour. La première étape porte sur le design du gisoir. Lorsqu’il est positionné en milieu de case, il est préférable de choisir un gisoir bombé (pente de 6 %) pour permettre une évacuation des effluents en cas d’accident des animaux. La surface allouée est également un point important. Si elle est trop petite, les bienfaits en termes de couchage pour les animaux sont réduits. Si elle est trop grande, le risque de salissure est accru. L’optimum est une surface correspondant à 30 % maximum de la surface de la case (soit environ 0,25 m² pour une place traditionnelle). Certains éleveurs sont montés à 50 % avec réussite, mais il s’agit d’une pratique plus risquée.
Pour éviter les inversions des zones de couchage entre l’hiver et l’été, certains éleveurs ont investi dans des gisoirs thermorégulés. L’autre avantage porte sur la propreté du gisoir qui sèche très vite en période froide en cas d’accidents de déjection. La deuxième étape porte sur l’aménagement de la case et la gestion de l’ambiance pour orienter la zone de déjection sur la partie caillebotis. Pour ce faire, plusieurs astuces ont été mises en place : positionner les abreuvoirs sur la zone caillebotis, la présence d’humidité ainsi que la circulation fréquente d’animaux devraient générer un inconfort ; positionner des cloisons ajourées en fond de case vers la zone caillebotis, le contact d’animaux de cases différentes génère de l’activité ainsi qu’une volonté de marquer son territoire. De ce fait, les animaux orientent leur déjection dans cette zone ; orienter les veines d’air froides sur le caillebotis, il faut concevoir le circuit de ventilation pour que la retombée d’air frais se fasse en dehors du gisoir. Par exemple, en positionnant les volets motorisés au-dessus des zones caillebotis. La troisième étape porte sur les astuces du quotidien. Un éleveur avait des problèmes sur la propreté de ses gisoirs sur une case en système nourrisseur. Il s’est alors mis à distribuer tous les jours de la paille ou des bouchons de luzerne sur le gisoir en très petite quantité. Cette pratique lui facilitait la surveillance de ces animaux car ils se levaient tous à cette période de la journée. Il a constaté que les animaux ont, par la suite, mieux respecté la zone de couchage.
2-Gisoir excentré : prévoir des cloisons mobiles
Le principal avantage de positionner le gisoir sur un côté de la case est la modulation de sa surface grâce à des cloisons mobiles. Dans ce cas de figure, il est possible d’augmenter la surface totale de gisoir mais il faudra être très vigilant dans le mouvement des cloisons : si l’ouverture est trop lente, les animaux ne pourront pas tous se coucher sur cette zone ce qui va créer de la compétition et de l’activité dans la case ; si l’ouverture est trop rapide, la surface de couchage sera trop importante et les animaux vont probablement commencer à déféquer sur une partie du gisoir. La prise en main de ce type de bâtiment est généralement plus longue pour les éleveurs car ils doivent trouver le bon timing pour le déplacement des cloisons selon les performances de croissance des animaux.
Si jamais le gisoir commence à se salir, il est préférable de rapidement réduire la zone afin de permettre aux animaux de retrouver de bonnes habitudes, avant de rouvrir de nouveau. En début d’engraissement, les éleveurs prévoient généralement 0,25 m² par porc en surface de gisoir. Un matériau d’enrichissement est généralement distribué sur cette zone pour deux raisons selon les éleveurs : limiter la fréquence de renouvellement car il tombera d’abord sur une zone pleine avant de passer sous le caillebotis et générer de l’activité sur cette zone pour éviter les déjections. Sur le dernier point, il faut être vigilant à ne pas créer trop de mouvements. Dans le cas contraire, les animaux ne considéreront pas cette zone comme la zone de repos. Sur les dix jours qui suivent l’entrée des animaux dans la case, l’éleveur réalise également une goutte à goutte au milieu de la zone caillebotis. L’objectif est d’humidifier la zone pour inciter les cochons à déféquer ici mais aussi de générer un inconfort en cas de couchage. Malgré toutes ces astuces et ces bonnes pratiques, il faut avoir conscience que le maintien d’un gisoir propre (central ou excentré) reste une thématique compliquée à piloter. La principale difficulté est de s’adapter à l’effet saison pour éviter les inversions des zones de vie. Quoi qu’il arrive, il existe des effets bande ou des effets cases qui font que certains lots seront plus difficiles que d’autres à gérer.
Yvonnick Rousselière, Ifip-Institut du porc, yvonnick.rousseliere@ifip.asso.fr
Côté web
Dans le cadre du projet Bâtiporc C4E cofinancé par le fond Casdar et en partenariat avec les Chambres d’agriculture de Bretagne et de Pays de la Loire, une plate-forme web a été mise en place pour télécharger des fiches techniques afin d’accompagner les éleveurs et leurs conseillers dans la conception de nouveaux bâtiments porcins. https://batiporc.ifip.asso.fr/accueil