« J’ai mis la biosécurité au cœur de mon élevage de porcs »
Frédéric Mésangroas, 44 ans, est éleveur naisseur-engraisseur de porcs à Plouigneau, dans le Finistère. Soucieux de la sécurité sanitaire de son exploitation, il a toujours investi dans la biosécurité.
Frédéric Mésangroas, 44 ans, est éleveur naisseur-engraisseur de porcs à Plouigneau, dans le Finistère. Soucieux de la sécurité sanitaire de son exploitation, il a toujours investi dans la biosécurité.

En 2009, lorsque Frédéric Mésangroas a repris, hors cadre familial, l’exploitation porcine de Coat Ar Ferte, à Plouigneau, la situation sanitaire n’était pas optimale.
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« Avant mon arrivée, la situation sanitaire s’était dégradée au fil des années, raconte Frédéric Mésangroas. Il m’a fallu améliorer les résultats techniques et résoudre les problèmes sanitaires. J’ai donc débuté par la mise en place de mesures de biosécurité interne, avec une attention particulière au lavage des couloirs, des tenues, des bottes et des mains. » Ainsi, avant chaque entrée dans un bâtiment, le nettoyage des bottes est impératif, effectué à l’aide de nettoyeur à haute pression. Une fois à l’intérieur des bâtiments, il est obligatoire de faire passer les semelles dans un bac rempli de chaux. De plus, des lavabos ont été installés dans chaque couloir, permettant à Frédéric et à son salarié de se laver les mains.

Adapter la conduite alimentaire
En étroite collaboration avec les techniciens de son groupement Evel’up et les vétérinaires de Breizhpig, l’un des objectifs de cet élevage de 240 truies a été de mieux maîtriser la circulation du syndrome dysgénésique et respiratoire du porc (SDRP), tout en gardant la vaccination des reproducteurs et futurs reproducteurs, mais en acquérant le statut d’élevage « intermédiaire ». « Un gros travail a été réalisé sur le protocole de vaccination en post-sevrage, ce qui a également permis de réduire la consommation d’antibiotiques », explique Claudio Trombani, vétérinaire chez Breizhpig, qui suit l’élevage de Frédéric. L’éleveur a aussi dû adapter sa conduite alimentaire en conséquence.

Pour les éleveurs ayant un statut « intermédiaire SDRP selon la charte de protection des élevages de l’OS Porc Bretagne », figure aussi l’organisation de la tournée de ramassage des porcs charcutiers. « Ici, les camions arrivent vides pour enlever mes charcutiers », reprend Frédéric. « C’est un risque de contamination en moins. » Ce geste représente un premier pas vers la biosécurité externe, une thématique à laquelle l’éleveur a également porté une attention particulière, en mettant en place plusieurs actions au fil des années, en faisant un peu plus chaque jour. « Alors que beaucoup d’éleveurs voyaient la biosécurité comme une contrainte, j’ai toujours considéré qu’elle était un atout pour mon élevage et pour moi. » Cet élevage est entouré de 8 hectares de bois que possède l’éleveur. Qui dit bois, dit potentiellement présence de sangliers, donc un risque de contamination par différentes maladies dont les sangliers sont porteurs sans oublier la fièvre porcine africaine (FPA). Si le Finistère est situé loin des zones européennes où la FPA est présente, Frédéric Mésangroas reste néanmoins vigilant face à ce risque. C’est pourquoi, avec Evel’up, l’éleveur a envisagé de protéger son élevage contre les intrusions d’animaux sauvages.
La marche en avant
« En 2018, j’ai fait installer une clôture autour de la zone professionnelle, clôture composée de panneaux grillagés rigides avec un sous-bassement en béton. » Cette protection lui a coûté 20 000 euros (hors main-d’œuvre), incluant la barrière permettant l’accès des camions de livraisons d’aliments depuis l’extérieur. Les matières premières (maïs grain broyé) ne sont pas stockées dans des silos en béton, mais en taupinière sous bâche : il était essentiel d’empêcher l’accès des animaux sauvages pour éviter la contamination du stock, et par conséquent des porcs. « Quand un livreur arrive, il ouvre la barrière et la referme. » Deux autres barrières séparent la zone professionnelle de la zone élevage. De plus, tous les passages entre les deux zones ont été soigneusement étudiés pour éviter tout contact, donc tout passage éventuel de virus, entre les trois zones : la zone publique, la zone professionnelle et la zone élevage. Par exemple, un technicien qui se rend chez l’éleveur stationne son véhicule sur un parking dédié, avant de pénétrer dans le local d’accueil. Lorsqu’il a besoin d’intervenir dans l’élevage, il passe obligatoirement par le sas sanitaire, un vestiaire équipé de douches. Une fois de l’autre côté, il s’équipe d’une cotte et de bottes, avant d’accéder dans les bâtiments. « Les différents secteurs de l’élevage sont organisés selon le principe de la marche en avant » , détaille Frédéric, qui a suivi la formation « biosécurité » avant de former lui-même son salarié. Celui-ci travaille exclusivement dans la zone élevage pour éviter toute contamination avec la zone professionnelle. Bien sûr, ouvrir puis fermer des barrières entre les zones, laver systématiquement ses bottes et ses mains entre deux tâches peut paraître chronophage, mais, comme le souligne Frédéric Mésangroas : « je préfère y consacrer un peu temps, car prévenir, c’est guérir ! »
Claudio Trombani, vétérinaire Breizhpig
« L’observance, c’est une des clés de la réussite »

« La fièvre porcine africaine est une maladie redoutable qui représente un risque majeur pour la pérennité de chaque élevage de porcs, donc pour la filière entière. Une fois retrouvés chez les sangliers, ces animaux représentent un vecteur primaire, pouvant contaminer les élevages de façon directe ou par le biais d’autres vecteurs inanimés, contaminés par les traces de leurs passages. C’est une maladie qui n’a pas, aujourd’hui, de moyens de soin ou prophylaxie vaccinale. La biosécurité externe est donc le seul moyen de protection réellement efficace et la définition d’un plan d’action adapté à chaque élevage est indispensable. L’audit « Pig Connect biosécurité » nous aide pour cela, pour suivre et se souvenir des mesures conseillées et mises en place. Les protections structurelles (mise en place de sas, de zones de quarantaine, etc.) peuvent fonctionner et protéger les animaux, mais l’observance constante et rigoureuse des règles de biosécurité à y appliquer reste la clé du succès ! »