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« La gestion du risque de la fièvre porcine africaine en France est à la croisée des chemins »

Vincent Varin, président de l’association nationale sanitaire porcine. L’ANSP est une organisation professionnelle en charge du suivi sanitaire de la production porcine à l’échelle nationale. Son président, Vincent Varin, souligne son rôle essentiel pour sensibiliser les éleveurs au risque de l’arrivée de la fièvre porcine africaine en France.

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Vincent Varin, président de l’association nationale sanitaire porcine« Dans beaucoup d’élevages, il ne manque pas grand-chose pour arriver à un niveau de biosécurité satisfaisant.»
© D. Poilvet

La FPA est-elle une réelle menace pour les éleveurs français ?

Lire aussi : La fièvre porcine africaine constitue une menace économique majeure pour la filière française

Vincent Varin - Le virus est à notre porte, avec les épizooties avérées en Allemagne et en Italie. Mais jusqu’à maintenant, nous avons réussi à bloquer la FPA à nos frontières. L’épizootie survenue en Belgique en 2018 a pu être contenue grâce à la mise en place d’une clôture qui s’est avérée efficace. Mais à terme, nous ne pouvons pas compter que sur les clôtures. Nous avons d’autres leviers à activer, dont la biosécurité en élevage.

Les éleveurs ont-ils pris conscience de cette menace ?

V. V. - Globalement je pense que oui. Mais cette prise de conscience doit se concrétiser par des actes. Le taux d’élevages conformes n’est que de 26 % selon les audits Pig Connect Biosécurité. Cependant, l’analyse des chiffres montre que dans beaucoup d’élevages, il ne manque pas grand-chose pour arriver à un niveau de biosécurité satisfaisant. La journée d’information organisée à Rennes par l’ANSP et l’Ifip en janvier dernier est tombée à point nommé pour relancer la prise en compte de la biosécurité dans nos élevages.

Comment convaincre les éleveurs de renforcer leur biosécurité ?

V. V. - La gestion du risque FPA en France est à la croisée des chemins. Il faut savoir que quand un foyer est déclaré, tout mouvement d’animaux est interdit dans les zones réglementées situées autour de ce foyer, sauf dérogation. Lors de la journée FPA de Rennes, le représentant de la DGAL a clairement indiqué que dans ces zones, un élevage non contaminé pourra plus facilement obtenir une dérogation pour envoyer ses porcs charcutiers à l’abattoir si sa biosécurité est conforme, qu’un élevage dont la biosécurité est incomplète. Ce dernier risque de subir des retards d’enlèvement importants. Par ailleurs, le retour d’expérience de l’Italie du Nord qui est confronté à la FPA démontre aussi que les abatteurs et les transformateurs ont plus de mal à valoriser des carcasses issues d’élevages situées dans ces zones réglementées. Et les conséquences pour ces éleveurs sont immédiates : les abattoirs italiens achètent les porcs issus de zones réglementées à un prix beaucoup plus bas que le cours du porc moyen.

La filière porcine française est-elle prête à l’arrivée de la FPA sur le territoire ?

V. V. - Au niveau de la production, même si les résultats sont perfectibles, nous disposons d’outils via Pig Connect Biosécurité pour évaluer notre degré de préparation et travailler sur nos points faibles. Les OP fournissent un gros travail sur la gestion de crise, la circulation des informations auprès de leurs adhérents et la gestion logistique des mouvements d’animaux. Les témoignages de leurs représentants à la journée FPA démontrent qu’ils ont pris la pleine mesure du risque. La quasi-totalité des abattoirs et des transformateurs sont en train de préparer leur dossier d’agrément zoosanitaire « MCA » (Maladies de catégorie A) qui leur permettra de recevoir des animaux issus des zones réglementés FPA. Un point de vigilance concerne les sociétés d’équarrissage qui n’ont pas dimensionné leurs outils à un afflux massif de produits à traiter si le niveau de crise est élevé et que d’autres facteurs extérieurs viennent aggraver cette crise (exemple : canicule, crise sanitaire dans une autre filière…).

Qui paiera les dépeuplements d’élevages contaminés et les retards de départs ?

V. V. - Les cotisations sanitaires prélevées aux éleveurs (2 centimes d’euro par porc) permettent de financer les actions d’information et de prévention gérées au niveau national par l’ANSP. Une partie de ces cotisations abonde également la section porcine du FMSE (fonds national agricole de mutualisation du risque sanitaire et environnemental) dont le rôle est d’indemniser les pertes économiques en cas de problèmes sanitaires et environnementaux. Mais il est loin de couvrir les sommes nécessaires si la FPA se déclare dans une zone de production intensive. Dans des situations de crises sanitaires exceptionnelles, c’est à l’État de couvrir les pertes économiques des éleveurs concernés. Il y va de la pérennité de la souveraineté alimentaire de la France.

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