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Moisson 2025 : La moitié Nord a besoin de pluies pour espérer des récoltes « dans la moyenne »

Peu de maladies, des cultures d’hiver globalement belles, les récoltes s’annoncent dans la moyenne. Mais le temps sec qui persiste maintenant depuis plusieurs semaines dans la moitié Nord commence à se faire sentir dans certains secteurs, notamment ceux où les structures de sols sont les plus dégradées avec des enracinements peu profonds.

<em class="placeholder">Parcelle de blé tendre dans le nord de la France.</em>
Les céréales d'hiver sont belles mais souvent mal enracinées et donc peu résilientes si le temps sec se poursuit jusqu'à la moisson.
© V. Charpenet

Une fois n’est pas coutume, en ce début d’année 2025, la moitié Nord de la France a connu un temps plus sec et ensoleillé que le sud. Les mois de février, mars et avril ont été marqués par des conditions anticycloniques et sèches la majeure partie du temps, alors qu’ils ont été très perturbés sur la moitié Sud avec des pluies et des coups de vent. « C’est le plus faible cumul sur cette période depuis 20 ans », constate Charlotte Boutroy, ingénieure régionale Arvalis, en parlant de la pluviométrie observée depuis début mars dans les Hauts-de-France. La question du manque d’eau et de son impact sur la prochaine moisson commence donc à se faire sentir dans certains secteurs.

Les cultures d’hiver vont globalement bien

« C’est plutôt bien visuellement », indique Delphine Bouttet, ingénieur régional Arvalis Ile-de-France, pour caractériser l’état actuel des blés tendres du Bassin Parisien, même si celle-ci évoque quelques attaques significatives de rouille jaune sur des variétés sensibles. « Les attaques de rouille ont été gérées mais il faut intervenir à nouveau si les pustules sont encore actives pour conserver la maîtrise de la maladie », conseille-t-elle. C’est également le cas dans le Grand-Est, où Frédéric Wiart, responsable collecte chez Vivescia, indique que les blés sont actuellement aux stades dernière feuille étalée à épiaison, avec « des maladies sous contrôle. » Même constat, dans les Hauts-de-France, où Charlotte Boutroy parle de blés bien verts, qui ont correctement valorisé l’azote apporté au stade 2 nœuds. Concernant les maladies, la septoriose se fait discrète tandis que les rouilles méritent, ici aussi, plus de vigilance.

Côté pois d’hiver, dans le Grand-Est, les végétations sont correctes, malgré quelques pertes de ramification observées en craie à cause du sec. Les colzas sont eux aussi « indemnes de maladie, avec des remplissages en cours et un potentiel préservé », indique Vivescia. De l’Oise à la Seine-et-Marne, Hugues Desmet, responsable collecte chez Valfrance, parle lui de « colzas magnifiques », tout comme un opérateur de la région Centre-Val de Loire qui évoque des colzas avec de belles biomasses. Mais tous précisent que cela ne présage en rien des rendements à venir sur cette culture.

Les enracinements sont mauvais en raison de structures de sol dégradés

Malgré le bon état visuel des cultures, la situation est différente quand on s’intéresse à l’état des sols. « Les structures de sols sont très dégradées, conséquences d’alternances gel/dégel de plus en plus rares, des pluies importantes reçues depuis un an et demi et de chantiers réalisés dans de mauvaises conditions, indique Delphine Bouttet. Ces structures dégradées vont limiter la résilience des cultures au moindre accident climatique car les systèmes racinaires seront pénalisés. »

Dans la région Centre-Val de Loire, cette problématique est un fort sujet d’inquiétude. « L’automne a été compliqué pour les implantations de céréales, nous avons des surfaces en retrait, indique le directeur agronomie d’un gros collecteur de la région. Depuis deux semaines, les conditions sont estivales et les sols sont en limite de réserve utile. Si nous avons 20 mm dans les 10 prochains jours, on sécurisera la récolte et on sera dans la moyenne quinquennale. Sinon, l’état des cultures pourrait se dégrader. »

Le manque d’eau commence à inquièter les opérateurs

Constance Richard, responsable agronomie au sein de la coopérative Lorca, en Lorraine, tient le même discours : « Dans certains secteurs, nous n’avons pas d’eau depuis trois semaines. Or, les semis de céréales d’hiver et de colza ont été réalisés dans des structures de sols dégradés, avec un développement du système racinaire superficiel. » Ces cultures vont avoir besoin de pluies et de températures douces de manière régulière dans les semaines à venir. « Je suis inquiète pour le remplissage des graines pour le colza. Son rendement sera très dépendant des pluies à venir. » Pour les orges d’hiver, le nombre d’épi au m2 est un peu inférieur à la normale, en raison de conditions de semis délicates, précise Constance Richard. C’est aussi le cas dans les Hauts-de-France, où les situations de cultures sont plus inégales qu’en blé en fonction des conditions de semis à l’automne.

Dans les départements de l’Est parisien, Hugues Desmet fait part, pour Valfrance, d’une avancée très soudaine des blés ces derniers jours, alors que la coopérative misait plutôt sur des moissons plus tardives que d’habitude. « Les indices de végétation sont un peu en dessous des moyennes, tout comme les composantes du rendement. Si tout se passe bien jusqu’à la fin, avec des pluies régulières, nous aurons une moisson moyenne à moyenne basse. Par contre, si le temps sec se poursuit, les cultures seront stressées et le remplissage du grain sera impacté. » Les premiers qui risquent de souffrir sont des blés semés derrière des maïs récoltés tardivement sur des terres matraquées, et donc mal implantés. Le discours est un peu plus positif pour les départements au nord de Paris. « La situation de manque d’eau ne pose pas trop de problèmes pour le moment dans la plupart des situations », observe Charlotte Boutroy. Dans les terres profondes des Hauts-de-France, la culture s’en sort toujours mieux avec ce type de temps qu’avec de l’humidité excessive.

Les orges de printemps sont hétérogènes

« De façon générale, les orges de printemps sont très courtes et souffrent du sec, mais les situations sont contrastées. En terres très blanches, certaines parcelles sont inquiétantes. En limon, la végétation est plutôt belle », énonce Frédéric Wiart pour le Grand-Est. Il y a peu de maladies « sauf de l’oïdium sur une variété, et une présence croissante de Lémas, à surveiller ». Même constat au nord, où Charlotte Boutroy observe que les semis précoces de fin février-début mars s’en sortent mieux que les semis plus tardifs. « Toutes les orges de printemps semées après la mi-mars n’ont quasiment pas eu d’eau, note-t-elle. Cette culture n’a pas les mêmes capacités de compensation que le blé tendre et l’orge d’hiver. » Les pois de printemps sont, eux, à tout début floraison, et si la végétation est belle pour l’instant, « ils ont besoin d’eau », précise-t-on chez Vivescia.

Des conditions de semis favorables en maïs et tournesol 

Les maïs, tournesol et soja sont partout en début de végétation, souvent dans le sec. Constance Richard précise qu’en Lorraine, le maïs a bénéficié de bonnes températures pour bien démarrer, mais que la situation est plus délicate pour les tournesols, qui patinent en termes de levées et de développement. « Il y a eu de fortes amplitudes thermiques ces dernières semaines avec des gelées localement et des températures atteignant les 30°C. Ces conditions ont eu un impact négatif sur le tournesol en particulier. » Pour la coopérative Valfrance, Hugues Desmet parle de maïs et tournesol semés dans de bonnes conditions, avec un bon démarrage, ce qui est aussi le cas dans une grande région Centre.

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