Wojtila et Turluttu
Le rapport de la police polonaise est accablant : ce soir-là, une religieuse bénédictine a foncé délibérément avec le tracteur de son couvent de Krzeszow dans une voiture que son conducteur avait garée juste devant l’entrée. La voyant sortir chancelante de la cabine, les témoins ont cru que la malheureuse avait eu un malaise au volant. Las ! Les policiers arrivés sur les lieux ont vite compris de quoi il retournait : le feu qui brûlait dans ses yeux n’était pas, en tout cas pas seulement, celui du Saint-Esprit et, pour tout dire, la vodka coulait en elle comme l’eau bénite au baptistère. On a cru bon de lui retirer son permis et de lui infliger une amende. Nous nous étonnons de cette sévérité qui pourrait laisser croire que la bénédictine ne s’accommode pas de la vodka. C’est faux : mettez les deux dans un shaker, servez sur glace avec un trait de sirop de rose, cela s’appelle un Wojtila (sic) au bar du Ritz, ce qui absout définitivement la religieuse polonaise. Il est vrai qu’avec une larme de cinzano dry, le breuvage prend le nom de Turluttu (re-sic) au Plazza-Athénée : là, ma sœur, c’est évidemment beaucoup plus grave…