Vinexpo : les peuples se révèlent dans le vin
Vinexpo est prêt à recevoir du 19 au 23 juin ses 2400 exposants venus de 47 pays et les 45 000 visiteurs attendus. La grande manifestation bi-annuelle bordelaise offrira aux exposants un nouveau Hall 3 flambant neuf, puisque ce sera la première utilisation de ce nouvel espace qui accueillera sur ses 12 000 m2 les pavillons français mais aussi d’autres pays. Les entreprises d’Afrique du Sud, d’Australie, des Etats-Unis, de Chine et de Pologne. On regrettera sans doute l’absence parmi ces exposants étrangers, de quelques "pointures" comme Gallo et Persinger du côté américain ou Wolfblass pour l’Australie. Les responsables de Vinexpo relativisent la portée de ces absences qui sont de nature conjoncturelles et ne mettent pas en cause les relations fondamentales entre l’exposition et ces entreprises.
Comme à l’habitude, Vinexpo 2005 sera riche en animations et de manifestations de tous ordres dont l’une, de taille : le centenaire de la loi de 1905 sur les appellations d’origines et le 70ème anniversaire de la création de l’Institut. Une bonne occasion offerte au président du Comité vins et eaux-de-vie de l’INAO, René Renou, de s’exprimer sur la réforme des AOC, en en dressant l’état des lieux et en en dessinant les perspectives. Le sujet attirera beaucoup de monde car il est particulièrement sensible dans cette période de grande interrogations sur ce que doit être le vin français.
Lors d’une précédente conférence de presse de présentation de Vinexpo, les organisateurs avaient présenté une remarquable étude sur la production et le marché mondial du vin. Pour une nouvelle réunion de presse, jeudi dernier, c’est une autre étude qualitative (et beaucoup plus subjective), réalisée par le cabinet Gatar et associés qui a été dévoilée. Il s’agit de découvrir les perceptions du vin par les " grands commençants ". Les vrais connaisseurs ne représenteraient que 15 % de la population mondiale de buveurs de vins, les 85 % autres étant des amateurs, au sens noble du terme, de " grands commençants " qui ne demanderaient qu’à apprendre le produit, en espérant qu’ils prendront un jour la relève des vieux " terminants " (!).
Le vin, « lubrifiant social «
L’étude a été réalisée à partir d’entretiens menés dans 5 grandes villes : Paris, New York, francfort, Londres et Tokyo. On y apprend par exemple, qu’à New York, après le drame du 11 septembre 2001, "le vin participe à un rituel de reconnexion entre soi et les autres", en Allemagne il contribue à l’écoute et à la communication après les grandes désillusions, qu’au Japon il aide à oublier le quotidien normé, à se rapprocher de la culture occidentale, tandis que le Londonien, qui délaisse de plus en plus les autres boissons alcoolisées, conçoit son " Wine Moment " comme un instant magique, en quelque sorte, le "five o’clock tea coup de rouge ".
Le Parisien, quant à lui, " grognon et fatigué " (sic) cherche " des valeurs réconfortantes dans des rituels qu’il vit comme un lien avec une histoire authentique, une source de civilisation ". Le vin, toujours selon l’étude, est à la fois un " ralentisseur " du monde moderne frénétique, un créateur d’aspiration participant à l’ascension sociale. Enfin, c’est un " lubrifiant social " facilitant les contacts, à la fête entre amis, parents. Ce que l’on pourrait plus joliment nommer la convivialité.
