Vin rosé : les clés de la réussite
Le rosé est décidément un vin à part. Sa consommation ne cesse d'augmenter, dans un contexte globalement baissier. Depuis le milieu des années 90, il affiche un gain en volume de 2 % par an. Jean-Jacques Breban, le président du Conseil interprofessionnel des Vins de Provence, avance plusieurs éléments pour expliquer ce phénomène. « La clé de la réussite tient d'abord à la qualité, a-t-il déclaré lors d'une récente conférence de presse. Ensuite, le rosé correspond aux nouvelles tendances de consommation : l'association avec les saveurs du monde, l'évolution vers des repas moins traditionnels, voire déstructurés, l'augmentation des plats froids. Il est aussi perçu comme étant en dehors des codes traditionnels de la consommation de vin. Autrefois un handicap, c'est devenu un atout. Le consommateur tend à privilégier le plaisir à la connaissance. »
Philippe Aurier, professeur à l'Université Montpellier 2, pousse l'analyse encore plus loin. Il souligne que les contextes de consommation ont changé. Le « repas ordinaire à domicile » (46 %) et le « hors repas » (29,5 %) concernent trois quarts des volumes de vin. « En se retranchant dans le contexte de repas convivial, qui pèse seulement 15 %, le vin rouge est amené à décliner, a-t-il souligné. Le blanc se consomme de plus en plus en dehors des repas. Quant au rosé, il se situe un peu partout. »
Un produit simple et décomplexé
En termes de statut symbolique, le vin rouge est devenu un produit complexe, de connaissance et d'expertise pour amateur averti, éduqué et aisé, mais aussi un produit de convivialité plus que de plaisir simple et décomplexé. Les vins blanc et le rosé échappent à ce modèle. « Le statut du rosé est à priori plus associé à des notions hédonistes et sa perception en dehors du domaine du vin complexe ouvre des opportunités intéressantes auprès des consommateurs recherchant prioritairement le plaisir », a estimé Philippe Aurier. Il suffit de regarder les chiffres de Viniflhor pour s'en convaincre. Depuis 15 ans, l'augmentation des volumes de rosé consommés en France reste forte. Ce vin représente aujourd'hui plus de 21 % du total consommé, contre 10 % en 1990.
Les rosés de Provence tirent leur épingle du jeu. Ils représentent 42 % de la production nationale AOC rosée (20 % tous rosés confondus). La mention Provence apparaît créatrice de valeur ajoutée, notamment en raison de son association spontanée significativement forte avec le régime méditerranéen et de l'évocation des vacances.