Vin AOC : révisions en tout genre
L’INAO n’est pas un grand communiquant. La conférence de presse organisée jeudi soir, au sortir de la réunion du comité national des vins, eaux-de-vie et autres boissons alcoolisées, avait certes le mérite d’exister mais le contenu pouvait apparaître bien léger. En substance, il s’agissait d’expliquer que l’INAO « poursuivait la mise en œuvre de la réforme des AOC dans le cadre de la réforme OCM viti-vinicole ». Bref, l’institut travaille, notamment « sur la réécriture des cahiers des charges des AOC françaises, à harmoniser d’ici fin mai pour une homologation au 1 er juillet, a précisé Yves Bénard, président du comité. 200 cahiers des charges ont déjà été examinés sur 350 décrets et il ne faut pas traîner ».
Les plans d’inspection indépendants sont également à mettre en place d’ici la vendange 2008 pour des contrôles par des organismes tiers afin que les producteurs ne soient plus juges et parties. Dont acte puisque l’INAO n’est plus concerné. Le comité a également planché sur les protections des noms ; l’OCM a prévu la disparition des VQPRD et des vins de table d’ici août 2009 et « nous entendons veiller à renforcer l’application intra-communautaire de la protection afin qu’elle ne soit pas moins disante ». Une politique suivie également par les pays traditionnellement producteurs comme l’Italie, l’Espagne et le Portugal.
Des secrets déjà bien éventés
Une commission environnement va par ailleurs être créée à la demande du Grenelle pour aider les ODG (Organismes de Défense et de Gestion) à désormais prendre en compte ce facteur alors qu’auparavant, les AOC qui souhaitaient intégrer des critères environnementaux dans leurs décrets devaient ruser en adoptant une charte corollaire comme beaumes de venise ou costières de Nîmes ou par décret préfectoral comme le champagne.
Et voilà le mot du jour qui est lâché : le champagne. Car c’était l’annonce tant attendue concernant l’extension de l’aire d’appellation. En guise de scoop, il a fallu se contenter de la simple confirmation du lancement de la procédure d’enquête publique et de la nouvelle procédure nationale d’opposition qui permettront à tout contestataire de faire valoir ses réclamations. En attendant sa publication au Journal officiel, d’ici une quinzaine de jours, pas de commentaires, encore moins d’Yves Bénard qui s’était mis en réserve pour le vote sur le sujet puisqu’il est champenois. La liste des communes concernées ne sera donc pas consultable avant fin mars sur le site de l’institut national de l’origine et de la qualité (www.inao.gouv.fr) et le rapport des experts consultable seulement à l’Institut.
Celui-ci formalise l’aire géographique en deux zones : 675 communes pour l’aire d’élaboration au lieu de 634 dans le classement de 1927 et 357 communes dans l’aire de production au lieu de 319. Il y aurait une quarantaine de communes supplémentaires et quelques-unes qui pourraient sortir de l’aire. Pas question de divulguer les noms des villages concernés « afin d’éviter de lancer des recours avant l’annonce officielle », a précisé Hervé Briand, directeur adjoint de l’INAO. Secret de polichinelle puisque les noms des intéressés circulent entre les vignes depuis déjà plusieurs mois. Devraient sortir de la zone d’appellation géographique des secteurs, aujourd’hui urbanisés ou agricoles, comme ceux de Brienne-le-Château et Marcilly-le-Hayer dans l’Aube, la vallée de l’Aisne, à l’est de Soissons. Dans la zone de production, on parle de deux exclusions à l’étude : Germaine et Orbais l’Abbaye, les experts ayant jugé que les raisins n’y étaient pas assez qualitatifs.
Après étude des réclamations, le rapport définitif sur la nouvelle aire devrait être adopté d’ici un an avant le démarrage de la délimitation par parcelles. Un travail de fourmi qui ne s’achèvera pas avant 2015. Les premières bouteilles de ce « nouveau » champagne ne seront donc pas dégustées avant 2021. Il va falloir patienter.