Unilever et la MAAF sèment le trouble
Le marketing n'est jamais à court d’idées. Hier, la MAAF, société d'assurances, et le géant anglo-néerlandais Unilever ont dévoilé les contours d'un partenariat dans la lutte contre l’excès de cholestérol. Le principe en est excessivement simple : en échange de l'achat de produits de la gamme Fruit d'Or Pro-activ, les sociétaires de la MAAF actuels ou futurs pourront faire valoir leur droit à une réduction sur leur assurance complémentaire santé. Unilever, propriétaire de la gamme Pro-activ (riche en stérols végétaux) souhaite transformer ses arguments santé en ventes supplémentaires, en y associant la participation de l'assureur.
Chez les deux partenaires, on veut « encourager à la sensibilisation des comportements responsables ». Le professeur Bruckert, chef du service endocrinologie à l'hôpital de la Pitié Salpetrière, qui soutient cette démarche, a rappelé qu'un tiers des Français a un taux de cholestérol anormal, et que les maladies vasculaires sont la première cause de mortalité du pays.
Du pain béni pour la gamme Pro-activ, dont la promesse santé (« réduit le cholestérol significativement dans le cadre d'un régime adapté») a été validée par l'Afssa voilà plus de 5 ans. Une grande campagne TV, radio et presse va accompagner, à partir de février 2006, la mise en place du partenariat. En échange de l'achat de 7 produits de la gamme Pro-activ, les clients pourront bénéficier de 10 euros de réduction sur leur complémentaire santé en 2007, un montant fixé à 22 euros pour 14 produits, et jusqu'à 40 euros pour 21 produits. 40 euros, c'est d'ailleurs le surcoût engendré par le remplacement de produits standard par leur équivalent enrichi en stérols, selon les chiffres annoncés par Unilever.
L'opération économique n'est donc pas si fructueuse qu'elle peut le laisser croire. Pour tout juste équilibrer la balance, encore faut-t-il souscrire un contrat chez la MAAF, d'un montant moyen de 400 euros.
L'idée de partenariat a également germé dans l'esprit de Danone, concurrent direct de la gamme Pro-activ avec son produit vedette Danacol. Des rumeurs de presse faisaient état d'un possible accord début 2006 entre le champion du probiotique et AGF santé. Cette alliance inédite du marketing et de la santé a fait bondir UFC Que Choisir, qui n'a pas tardé à réagir.
Dans un communiqué de presse, l'association de consommateurs a dénoncé « le marketing sur ordonnance» et « la discrimination flagrante pour les personnes qui ne consommeront pas Pro-activ ». Surtout, UFC estime simpliste voire dangereux de se focaliser sur le cholestérol, « qui n'est qu'un des différents facteurs de maladies vasculaires». « Plutôt que de faire passer Pro-activ pour un médicament miracle, Unilever serait mieux inspiré de diminuer la matière grasse ou le sucre dans les autres aliments qu'il fabrique», conclut l'association, qui réclame le retrait du projet et l'arrêt de toute exploitation publicitaire qui pourrait en être faite. Mais ces accusations n'ont pas vraiment de quoi déstabiliser la MAAF ou Unilever, que l'on voit mal stopper ce dossier destiné à démarrer dans un mois.