Portes ouvertes
Les enfonceurs de portes ouvertes sont partout à l’exercice. Par exemple : la semaine dernière à Sciences Po se tenait un colloque sur le « journalisme narratif. » Des profs de Harvard sont venus spécialement de là-bas pour expliquer que l’avenir du journalisme écrit était dans… l’écriture. Autrement dit : pour intéresser et retenir les lecteurs, mieux vaut avoir un peu de style, le sens de l’événement et de la formule. Je veux bien que ça soit nouveau et américain, mais j’ai vérifié : Albert Londres, Henri Béraud, Joseph Kessel, Lucien Bodard, André Gide à l’occasion, n’avaient pas pris de leçon de journalisme narratif à Harvard.
Autre champion : Tony Blair, encore lui. Il ne veut plus qu’on donne 2 euros par vache. A combien estime-t-il la compensation aux éleveurs, nécessaire pour satisfaire les impératifs de production alimentaire et le respect de nos engagements commerciaux internationaux ? Zéro ? Moins de 1 euro ? Entre 1 et 2 euros, et alors 1,56 ou 1,77 ? Bien sûr, il se contente d’affirmer que les 40 milliards d’euros de la PAC sont beaucoup d’argent. Ça paraît exact, et pourtant ça ne veut rien dire, il le sait bien lui-même. Il se dit un «passionné de l’Europe » : pour l’assassinat qu’il médite, il plaide déjà le crime passionnel.