Modernisez, qu’ils disaient
Lundi, Hervé Gaymard et Nicolas Forissier vont lancer lors d’une conférence de presse ce qui est annoncé comme le grand chantier de leur mandat : le projet de loi de « modernisation agricole ». Vaste programme. D’autant plus vaste qu’à ce stade, personne ne connaît les limites de l’ouvrage. On sait que le texte devrait s’attaquer notamment au problème foncier, crucial dans la perspective de l’installation des jeunes agriculteurs ; au statut de l’exploitation agricole ; ou encore aux contrats d’assurance récolte. Au fil des discours officiels, les thèmes entrant dans le champ de la future loi se sont empilés, jusqu’à l’articulation entre signes officiels de qualité. Autant de thèmes qu’il est effectivement urgent de clarifier, pour les agriculteurs comme pour les entreprises. Pour ne prendre que la question des signes de qualité, les transformateurs s’interrogent en effet sur l’avenir qu’il faut accorder à la certification et au label rouge, dont les territoires ont été grignotés ces dernières années par l’IGP et l’AOP. Le processus d’adoption de la loi de modernisation agricole fait cependant craindre le pire sur la manière dont cette foule de sujets va être traitée. Car dans le domaine du débat, la modernisation n’a pas atteint le monde agricole. Lundi, Hervé Gaymard et Nicolas Forissier se contenteront en effet « d’installer » mercredi une « commission » de 40 personnalités qualifiées qui elles-mêmes renverront à un grand débat national « agriculture, territoires et société » pendant le dernier trimestre 2004 (et au-delà ?) dans les 22 régions françaises. Avant que le débat sur la modernisation n’arrive à l’Assemblée, les questions posées auront eu le temps de devenir obsolètes.