L'UFC en guerre contre les allégations trompeuses
Qu'on se le dise, l'UFC Que Choisir se lance dans la bataille de l'obésité. Et s’en prend désormais directement aux industriels. Devant le peu d'empressement des élus à contrer ce phénomène en augmentation constante (11,3% des Français sont obèses, contre 9,6% en 2000 et 8,2% en 1997), l'association a décidé de prendre les devants. Vendredi dernier, elle a ainsi assigné en justice Nestlé Waters France pour une eau de la gamme Vittel et la société Harry's pour ses brioches Doo Wap.
Dans les deux cas, l'association estime que les allégations présentes sur les emballages sont «trompeuses» et de nature à «induire en erreur le consommateur». «Les brioches Doo Wap mettent le lait en avant, alors que sa présence n'est pas significativement plus importante que dans des brioches normales», explique Hélène Moraut-Pestanes, chargé de mission. Quant à l'eau de Vittel incriminée, présentée comme une «boisson aromatisée à base d'eau minérale Vittel riche en calcium», l'étiquette oublie de mentionner l'ajout de sucre, et va jusqu'à présenter un caractère trompeur car «elle indique à tort que le produit est riche en calcium».
Le départ d'un plan d'action global
Par cette action en justice, l'Union française des consommateurs Que choisir? entend dénoncer l'incitation à la consommation d'aliments déséquilibrés, une des raisons principales du développement de l'obésité. « Nous avons choisi ces deux produits, mais en réalité nous avions l'embarras du choix », ajoute Alain Bazot, autre responsable de l'UFC.
L'association pointe également du doigt l'immobilisme des élus sur ce sujet. « L'examen de la loi de santé publique, qui devait avoir lieu les 8 et 9 juin, vient d'être reporté. Et le règlement européen sur les allégations nutrition et santé a subi le même sort» déplore Sylvie Pradelle, vice-présidente d'UFC Que choisir, qui parle de « véritable démission du Parlement européen ». En France, « la position des industriels, qui justifient l'obésité par le manque d'activité et la moindre attention que les parents accordent à leurs enfants », exaspère également les associations de consommateurs. « C'est un comble de faire porter le chapeau aux enfants quand on voit la promotion qui est faite auprès d'eux, avec des allégations qui cherchent à déculpabiliser les parents », ajoute Alain Bazot.
Devant toutes ces allégations plus ou moins fantaisistes, comme les sucettes Chupa Chups qui affichent 0% de matière grasse mais oublient de préciser leur composition proche de 100% de sucre, l'UFC Que choisir veut mettre les professionnels et les politiques « devant leurs responsabilités ». L'action en justice initiée vendredi marque ainsi le départ d'un plan d'action global pour l'association de consommateurs, qui demande entre autres la suppression des publicités télévisuelles ciblant les enfants, ainsi que le vote de plusieurs autres amendements. Comme l'a annoncé M. Bazot, « on va entendre parler de l'UFC dans les mois qui viennent ».