L’islandais SIF brigue le joyau Labeyrie
En ce début de semaine, la direction de SIF France a confirmé l'offre du rachat de Labeyrie par le groupe islandais SIF, leader de la transformation et de la commercialisation des produits de la mer. Une fois l'accord des autorités de concurrence obtenu, l'opération devrait être officialisée le 15 décembre, selon une source syndicale. Ensuite, « SIF France et Labeyrie continueront de fonctionner avec leurs propres équipes de management et garderont leur identité », affirme la direction. Pourtant si l'on en croit les membres du comité d'entreprise, Xavier Govare, président du directoire de Labeyrie, devrait devenir l'homme fort du nouveau groupe, dès le mois de janvier 2005. « La période qui s'ouvre constitue pour nous un challenge excitant. Nous avons obtenu d'excellents résultats pour Labeyrie et les sociétés que nous avons acquises au cours des dernières années (Ndlr : Blini en 2003 et le n°1 du saumon britannique Farne en 2004) et nous avons de grandes ambitions pour le nouveau groupe », déclarait l'intéressé, le 25 octobre dernier, lors de l'annonce du rachat de Labeyrie.
En doublant ses ventes au cours des deux dernières années, le numéro 1 du foie gras et l'un des leaders du saumon fumé en France sort grandi de son passage sous le giron du financier scandinave Industri Kapital (de mars 2002 à aujourd'hui). Labeyrie pèse aujourd'hui 311 M Eur de chiffre d'affaires pour un effectif de 2 400 personnes et surtout possède une marque très forte. Et c'est bien ce qui a séduit le groupe SIF, dont l'activité française se porte mal. La marque Delpierre, appliquée sur toute une gamme de produits de la mer et surtout de saumon fumé, se vend difficilement.
Le reste de l'activité du groupe est essentiellement axé sur les premiers prix. Les salariés de SIF France (1 000 au total), dont la moitié étaient en grève mardi à Boulogne-sur-Mer, s'inquiètent de l'avenir des cinq sites de production et de l'équipe administrative. Les craintes portent essentiellement sur l'usine de Wimille (dans le Pas-de-Calais) destinée à l'activité surgelée qui, selon les syndicats, serait à vendre. Une petite activité de marinades basée à Boulogne-sur-Mer est déjà condamnée puisqu'elle sera transférée à la fin de l'année en Pologne.
La direction de SIF France ne répond pas précisément à ces inquiétudes et parle de capacité de croissance de 10 % environ pour 2004 pour l'usine de Wimille et d'un repositionnement de la gamme sur les poissons fumés, le saumon gardant son positionnement actuel. Selon un membre de la direction de Labeyrie, Delpierre devrait se replacer sur la consommation au quotidien. L'ensemble SIF-Labeyrie représenterait 40 % de part de marché sur le saumon fumé avec deux marques, des MDD et une offre économique. Néanmoins si l'avenir à terme de la marque Delpierre reste incertain, avec le rachat par SIF, la marque Labeyrie devrait au contraire s'étendre à d'autres produits.
A côté du foie gras, du saumon fumé, des blinis, il pourrait bientôt y avoir des crevettes cuites Labeyrie, rendant la marque encore plus incontournable dans le rayon traiteur libre service. Ce qui n'empêche pas certains de craindre que Labeyrie ne devienne la vache à lait du géant islandais.