Les producteurs fermiers du Gers fêtent leurs 20 ans
Pierre Lava, président du groupement des producteurs à la ferme de foie gras du Gers, depuis 14 ans et jusqu'à la dernière assemblée générale, peut se féliciter de terminer son mandat sur un exercice des plus positifs. « Ces quatre dernières années, nous avions connu des difficultés liées à la diminution des subventions européennes et parce que nous attendions certains moyens pour la promotion de nos produits qui ne sont pas arrivés,explique-t-il. Or, en 2005, ces subventions ont enfin été versées. De plus, nous avons effectué une restructuration, ce qui fait que nous n'avons plus de salarié. Cela peut toutefois être positif au niveau financier, mais ça va demander aux membres du bureau de s'impliquer d'avantage.»
Ainsi, le syndicat qui regroupe aujourd'hui une centaine de conserveurs fermiers, a réalisé un chiffre d'affaires de près de 39 000 euros en 2005 et un résultat « en nette progression par rapport à 2004». Comme l'ensemble de la filière, les producteurs à la ferme ont profité de l'intéressante croissance du marché du foie gras en France, notamment ceux qui ont su « aller vers les consommateurs». « L'embellie du foie gras profite aux producteurs qui se déplacent d'avantage et à ceux qui vendent sur Internet», poursuit Pierre Lava. Elle profite également à ceux qui participent aux marchés fermiers. Quatorze ont été organisés, avec le réseau Bienvenue à la ferme, chez des exploitants du Gers en juillet-août 2005. 10 000 affichettes et flyers ont été distribués et 3 000 visiteurs ont été accueillis.
Ainsi, la filière fermière gersoise se porte elle bien, mais elle commence à trouver le temps long, quant à la mise en place du décret fermier et de l'IGP directe «petits producteurs» qui lui permettrait d'apposer légalement le terme de Gers sur ses produits.
Beaucoup d'interrogations
Pour sa part, le syndicat avait rédigé et remis aux instances concernées, dès 2004, un cahier des charges pour une CCP/IGP productions fermières. Présent dans la salle, Marc Roose, directeur du Palso, qui gère l'IGP canard gras du Sud-Ouest, a profité de la présence de nombreux officiels, dont le sénateur Yves Rispat, pour dénoncer plusieurs disfonctionnements : freins imposés par la CNLC qui, par son «attitude hygiéniste», a empêché, pendant des années, la mise en place d'avenants à l'IGP permettant d'inclure les producteurs fermiers dans la démarche ; toute puissance des organismes de contrôle qui dictent leur loi ; flou artistique autour des dérogations du paquet hygiène pour les petits producteurs et le contenu du guide de bonnes pratiques, qui permettraient de boucler la rédaction du cahier des charges de l'IGP directe ; manque de visibilité sur le dossier «décret fermier». « Nous ne savons absolument pas ce que contient le projet qui va être transmis prochainement au Conseil constitutionnel,a-t-il souligné. Or nous avons besoin de connaître les définitions d'ores et déjà rédigées pour pouvoir réagir. Surtout que le terme “fermier” ne signifie pas la même chose dans le Nord-Ouest de la France que dans le Sud-Ouest.»
Le syndicat, de son côté, a engagé des travaux sur la maîtrise des effluents d'élevage, avec la mise en place d'un système SBR (épuration biologique séquentielle), testé par une cuma. Il poursuit cette année ses opérations de promotion avec le retirage, à 10 000 exemplaires, d'un carnet de fiches recettes très qualitatif, la réalisation de poches en papier kraft et 40 000 poches plastiques à bretelles biodégradables. Enfin, un nouveau président a été élu. C'est désormais Pierre Lafargue qui tient les rênes du groupement.