Les partisans du bio- éthanol s’impatientent
Il n’y en aura pas pour tout le monde. D’après les filières blé, maïs et betteraves, les volumes annoncés en septembre par Jean Pierre Raffarin dans son plan de développement des biocarburants 2005-2007 ne devraient pas suffire.
Avec 800 000 tonnes supplémentaires d’agréments étalés d’ici à 2 ans (480 000 de biodiesel et 320 000 de bioéthanol), il n’y aurait pas de quoi répondre au taux d’incorporation minimum fixé par le gouvernement. Selon Alain Jeanroy, coordinateur des projets bioéthanol pour les trois filières précitées, les agréments obtenus ne devraient cadrer avec les objectifs qu’au début. L’incorporation de 1,2 % de biocarburant dans le carburant standard en 2005, inscrite dans la Loi de Finances, ne semble pas poser problème. Mais ce pourcentage, amené à augmenter régulièrement jusqu’en 2010, serait un obstacle dès 2007.
Cette année-là, les distributeurs seraient tout juste capables d’atteindre 2,25 %, insuffisants par rapport au chiffre d’ores et déjà fixé à 3 %. Ces données trouveraient leur explication dans le manque d’outils industriels de production. La faute au délai d’appel d’offres et de construction des usines, qui ne seraient en état de marche qu’en 2007 (l’appel d’offres sera clos le 17 mars). D’ici là, les objectifs 2005 pourront être remplis par saturation des sites existants, mais les délais incompressibles de construction laissent planer le doute pour les années suivantes.
D’où la demande faite par l’AGPB, l’AGPM, la CGB et le SNPAA au gouvernement d’un lancement rapide de la deuxième phase (initialement prévue pour 2007-2010), afin de ne pas accumuler les retards.
Rencontre ce mardi avec Bussereau
Ces organisations devraient rencontrer M. Bussereau pour évoquer ce sujet le 15 mars. La problématique actuelle, plus pressante, se porte sur les usines à construire. À ce jour, sur les 320 000 tonnes dévolues au bioéthanol, 100 000 sont prévues pour 2005 par l’augmentation de production des unités existantes, et 200 00 tonnes pour 2006. Restent 200 000 tonnes à produire en 2007, un volume largement dépassé par la somme des 4 projets en cours.
L’AGPM, partie prenante dans l’un d’entre eux, estime que « pas un industriel ne s’engagera s’il lui est accordé un volume inférieur à sa pleine capacité ». Dans sa dernière lettre mensuelle, l’association réclame l’accélération du plan de développement par l’application immédiate des tonnages prévus pour 2007-2010, un cas de figure qui contenterait toutes les entreprises ayant déposé un dossier de construction d’usine. En cas de statu quo, la France pourrait avoir du mal à accomplir ses objectifs en termes d’incorporation de carburant vert, laissant la place aux importations meilleur marché des pays engagés depuis longtemps dans ce créneau.