Les fruits et légumes bientôt remboursés par la Sécu ?
Trop dispersé, le programme national nutrition santé n'a pas réussi à contrer véritablement l'épidémie d'obésité en France. L'office parlementaire d'évaluation des politiques de santé (OPEPS) propose donc le vote de nouvelles mesures dans le cadre du projet de loi sur le financement de la sécurité sociale pour 2006, présenté hier en Conseil des ministres. 11% des adultes et 4% des enfants sont aujourd'hui obèses en France.
Le nombre de personnes atteintes a doublé depuis la mise en œuvre du PNNS en 2000. « On constate que cette évolution concerne toutes les générations, sans distinction entre les hommes et les femmes, et plus fortement les milieux socio-économiques fragiles », écrit Gérard Dériot, sénateur UMP de l'Allier, dans le rapport demandé par l'OPEPS qu'il a présenté hier à la presse Ce rapport s'appuie sur une étude commandée à l'Inserm.
Devant l'obésité, les Français ne se montrent pas tout à fait égaux. La population ayant atteint un niveau d'éducation supérieur compte trois fois moins d'obèses que celle qui n'a pas dépassé le niveau primaire. Les cadres et professions libérales comptent deux fois moins d'obèses que les artisans et commerçants. Des chiffres à mettre en relation avec le fait qu'en 50 ans, le prix des corps gras a diminué de près de moitié, tandis que le prix des légumes a augmenté d'un tiers. L'insuffisance d'éducation sur l'utilité diététique des fruits et légumes explique aussi ce phénomène.
Se basant sur ce constat, l'OPEPS estime que la réglementation doit être renforcée en matière d'étiquetage ( Ndlr : alors qu’un réglement européen le prévoit déjà, lire LM d'hier) et de publicité sur l'indication du contenu nutritionnel des produits vendus. Cette information pourrait être rendue obligatoire aux aliments servis dans les restaurants, y compris dans le cadre de la restauration collective.
La balle du côté de Villepin
Autre mesure phare proposée par l'OPEPS : faciliter l'accès aux aliments à forte valeur diététique, en particulier les fruits et légumes, grâce à des subventions permettant d'en baisser le prix. « Ce mécanisme semble plus efficace que la “ fat tax”, système consistant à taxer plus fortement les produits caloriques et qui, au final, pénalise les acheteurs plus défavorisés », défend Gérard Dériot, se gardant bien pour l'instant de préciser comment cette subvention pourrait être financée. De même le sénateur ne se dit pas favorable à l'interdiction des distributeurs automatiques dans les écoles, effective depuis le 1er septembre. Il espère que le Parlement sera amené à revoir cette question prochainement. Son idée : conserver les distributeurs mais en contrôler la nature des produits (fruits ou boissons sans sucre). « Enfin, il convient d'agir sur le contenu des aliments et des boissons, actuellement trop chargé en sucre, et sur la taille des portions des plats cuisinés par exemple pour que l'ensemble de l'environnement «nutritif» des consommateurs ne favorise pas la prise de poids », affirme le rapporteur.
Les membres de l'OPEPS profiteront du passage de la loi sur le financement de la sécurité sociale à l'Assemblée nationale (dès le 25 octobre) et au Sénat (à la mi-novembre) pour défendre ces nouvelles mesures. A cette occasion, il sera aussi fait appel à Dominique de Villepin pour qu'il établisse le PNNS comme cause nationale et s'empare directement du programme, aujourd'hui géré principalement par le ministère de la Santé.