Les effluents d’abattoir, un défi majeur
Préservation de la ressource, coûts en hausse, contraintes réglementaires accrues, l’eau représente un défi majeur pour les IAA. « A vec la sécheresse, les conflits d’usage vont se multiplier cet été, prédit Fabrice Tenneson, de Veolia Water. Dans ces cas-là, les industriels sont souvent les derniers servis ». Des abattoirs sont conscients du problème et investissent dans le recyclage de l’eau. Notamment Socopa, pour le nettoyage de ses camions, Sabim, pour ses installations de chauffage. La Cooperl est au top dans ce domaine. Sa station de traitement des effluents sur le site de Lamballe (Côtes-d’Armor) est très innovante. Elle associe la filtration membranaire et l’osmose inverse. L’investissement, achevé en juillet 2003, représente 2,7 millions d’euros.
Droit à produire
« C’est un droit à produire, considère Jean Gourdet, directeur industrie des viandes du groupe coopératif. La convention de rejet avec la commune de Lamballe nous limitait. Il aurait fallu réduire l’abattage à 25 000 porcs hebdomadaires, contre 40 000 actuellement ». Sur les 18 000 m3 d’effluents produits par semaine, la Cooperl en traite aujourd’hui la moitié. L’eau est recyclée pour le lavage des bétaillères, de la porcherie, l’arrosage des animaux, le circuit de refroidissement. « Notre activité est très gourmande en eau, souligne-t-il. Particulièrement le nettoyage des abats et la fabrication de la salaison ».
La solution proposée par Veolia consiste au traitement des effluents organiques par bio-réacteur à membranes immergées et au recyclage par osmose inverse vers des applications non alimentaires sur le site. Sa capacité nominale est de 2 tonnes DCO (demande chimique en oxygène) par jour. Tout commence par un pré-traitement physico-chimique. Une unité de flottation et un bassin tampon de 1 700 m3 sont employés pour cette étape. Vient ensuite le traitement biologique Biosep, qui nécessite un bassin anoxie de 600 m3, un bassin aérobie de 1 030 m3 avec des aérateurs Korting et des sur-presseurs d’air et deux lignes de filtration membranaire. La déshydratation des boues est effectuée par centrifugeuse avec silo à chaux. L’unité d’osmose inverse est en double étage sur skid, une boucle de recyclage permet notamment d’économiser les postes de nettoyage. L’eau à la sortie a une DCO inférieure à 10 mg/l.