Le prix du bœuf devrait continuer de grimper
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Les années se suivent et se ressemblent pour l'Institut de l'élevage. Ses prévisions 2006 montrent une « grande continuité » du marché français de la viande bovine par rapport à 2005. La production serait légèrement réduite, à 1,575 million de tonnes équivalent carcasse (-1 %). Dans le même temps, la consommation serait maintenue à un « bon niveau », autour de 1,4 M TEC en viande rouge et à 1,685 M TEC en intégrant le veau de boucherie. Le déficit global entre l'offre et la demande devrait ainsi s'élever à 110 000 TEC, soit 6 % de la consommation française de gros bovins et veaux. Un tel contexte serait favorable aux prix à la production, qui devraient connaître une légère hausse par rapport à 2005, de l'ordre de 5 %.
« Tiré par l'effet grippe aviaire sur l'Europe du Sud, le marché du jeune bovin pourrait être plus dynamique que celui de la vache de réforme, contenu par le retour des viandes anglaises issues d'animaux de plus de 30 mois», estime l'Institut.
L'offre de femelles est prévue en baisse de 1 % cette année en France. Vu l'état de la collecte laitière, une nouvelle sous-réalisation se dessine. Les mises à la réforme ont donc peu de chance de s'accélérer. De même, la rallonge de droit à produire de 0,5 % dès le 1er avril va conduire à une atténuation du mouvement régulier de baisse des effectifs qui accompagne les augmentations de rendement par vache.
Le peu de génisses recensées dans les cheptels conduit au même phénomène.
Côté cheptel allaitant, les vaches comme les génisses seront abattues en nombre relativement restreint. Compte tenu des nouvelles règles de gestion des aides et dans le contexte du marché actuel, certains éleveurs seront tentés de retrouver une part de la marge d'intensification qu'ils avaient abandonnée pendant trois ans pour percevoir les aides à l'extensification dans le cadre de l'Agenda 2000.
Cette offre modeste va contribuer au soutien des prix. « La concurrence européenne pourrait toutefois se renforcer, non seulement par une offre allemande importante, vu les dépassements de collecte laitière en œuvre, mais surtout par un report de viandes irlandaises sur le continent, chassées du Royaume-Uni par les vaches anglaises qui reviendront sur le marché», juge l'Institut.
Les sorties de jeunes bovins devraient progresser en tonnage de 2 % par rapport à 2005. « Le succès du plan bâtiments d'élevage, la politique volontariste des groupements et des entreprises de transformation, qui se préoccupent de l'avenir de leurs approvisionnements, sont là pour accompagner ce redéploiement possible de la production, même dans le contexte du découplage».
La production de broutards est prévue est légère baisse. Des mouvements de rétention perdurent chez les naisseurs engraisseurs, enclins à garder leurs veaux pour les engraisser ou pour recapitaliser.
En veaux de boucherie, la production devrait se réduire de 2 % en tonnage. Etant donné le prix et la rareté des animaux de 8 jours, l'Institut s'attend à une petite réduction en nombre de têtes et à une stabilisation du poids des carcasses très alourdies l'an dernier.
Pour l'Union européenne, la production bovine devrait connaître une petite reprise, de l'ordre de 1 %, essentiellement sous l'effet du retour des viandes anglaises. Les importations en provenance des Pays Tiers et notamment du Brésil seront contenues par la fièvre aphteuse. Une stabilisation du déficit en viande bovine est prévue, à 285 000 tonnes. « Vu la perte de confiance à l'égard des volailles, manifestée par les consommateurs de nombreux pays européens, nous attendons une légère reprise de consommation de viande bovine. Elle pourrait atteindre 8,216 Mt, soit une hausse de 1 %, la rehaussant presque à son niveau de 2004 après le petit repli de 2005», estime l'Institut.