Le modèle coopératif, alternative au capitalisme ?
La solution aux excès du libéralisme viendrait-elle des coopératives ? Un ouvrage présente leur modèle comme une alternative, face aux dysfonctionnements actuels de notre économie.
L’idée ressemble à un oxymore. Les défis du capitalisme coopératif (1) est le titre d’un ouvrage qui vient de paraître en librairie. Ses auteurs, le spécialiste des marques Georges Lewi et l’économiste Pascal Perri, en ont fait la présentation avec le président de Coop de France, Philippe Mangin, la semaine dernière devant la presse. Ils voient le modèle coopératif comme une alternative au capitalisme d’aujourd’hui. S’opposant au « capitalisme sauvage », aux « zappings » des investisseurs et aux délocalisations, la coopération, et plus particulièrement la coopération agricole, inscrivent leur action dans une perspective territoriale, démocratique, responsable et financièrement très exigeante. Un modèle caractérisé par une identité forte, un attachement à fixer les entreprises, défendre les territoires et les produits, soutenir le développement économique local.
« Quand les entreprises veulent mettre à mort leurs adversaires, les coopératives privilégient l’entraide », a souligné Georges Lewi. L’actualité donne un éclairage pertinent, avec la crise laitière. Entremont Alliance est sur le point d’être repris par Sodiaal.
Philippe Mangin va plus loin dans l’analyse. Selon lui, le producteur coopérateur connaît bien les deux bouts de la chaîne, la production et l’économie, les contraintes de vente et de transformation. « Beaucoup de coopératives laitières ne comptent pas un seul gréviste, a-t-il déclaré. Leurs adhérents ont une pensée économique. Avoir un interlocuteur face à eux les empêche de tomber dans une incompréhension totale. Les coopératives ont un rôle pédagogique toute l’année, qui favorise une démarche de progrès. »
Trois types de coopération
Face à une économie mondialisée et hyperconcurrentielle, les coopératives agricoles revendiquent des décisions stratégiques plus en accord avec les besoins fondamentaux de l’organisation et de ses métiers. Leur modèle s’oppose au système libéral classique, dans lequel « surprofitabilité » et fonds d’investissements prennent une importance excessive. Dans le contexte actuel de crise, les auteurs de l’ouvrage invitent au questionnement du modèle économique en vigueur. « Les matières premières agricoles concernent l’alimentation du monde. Elles ne sont pas des actifs comme les autres », a souligné Pascal Perri.
Philippe Mangin propose trois types de coopération économique. Celle entre agriculteurs, qui vise une prise en main du destin économique. « Les producteurs doivent renforcer leur organisation collective, y compris en s'engageant ensemble dans la transformation de leurs productions. Conquérir de la valeur ajoutée par la maîtrise des filières agroalimentaires est incontournable pour ne pas être de simples fournisseurs de matière première sur des marchés de plus en plus déréglementés et volatils. » Autres coopérations, celle entre coopératives et celle avec les consommateurs. Le président de Coop de France invite à la réflexion sur la cohérence des chaînes de commercialisation des produits et sur la pertinence de certains circuits parfois trop longs.
(1) Editions Pearson