Le lait de demain
Supermilk : c’est le nom de marque commerciale que vient de déposer une grande coopérative laitière néo-zélandaise pour un nouveau produit « révolutionnaire» répondant aux exigences sanitaires et commerciales du marché occidental. Si la matière première en est bien le lait produit par les vaches néo-zélandaises, celui-ci a subi quelques modifications substantielles pour lui faire passer le cap de la distribution française et américaine. Compte tenu des réticences actuelles à l’égard de la matière grasse en Europe, le produit a subi un écrémage « à double effet», avec une deuxième centrifugation à plus de 500 g (la législation française permet encore dans un lait écrémé une teneur de 0,5 g de matière grasse). Le produit est également garanti «low-carb», puisque les Néo-Zélandais en ont retiré le lactose, ce sucre du lait qui présente l’inconvénient majeur d’être mal digéré par certains consommateurs.
Les ingénieurs de Supermilk ont pris en compte les allergies aux protéines de lait, après avoir constaté à quel point l’incidence de l’allergie augmente chaque année dans les pays développés. La coopérative a donc retiré les protéines du lait (en particulier ce variant génétique A2 de la caséine qui serait responsable d’induire une forme de diabète), mais aussi les protéines du sérum dont la richesse en certains acides aminés précurseurs des amines biogènes pourrait être dangereux pour le consommateur.
Double stérilisation et emballage aseptique
Pour pallier l’inconvénient de la réduction de la teneur en calcium (le calcium du lait se trouve en grande partie sous forme liée à la caséine), les concepteurs ont ajouté au produit une eau particulièrement riche en calcium (le consommateur sait maintenant, après les campagnes de publicité des marchands d’eaux, que ses besoins en calcium peuvent être couverts par l’eau minérale). Pour éviter aussi tout risque bactériologique, le produit est finalement soumis à une double stérilisation avant d’être conditionné de façon aseptique. Sa durée de conservation est ainsi de plusieurs mois ce qui permettra à l’entreprise de pouvoir approvisionner le monde entier.
Bien sûr tous ces traitements qui reposent sur des brevets exclusifs sont coûteux mais le consommateur qui paiera son litre de Supermilk environ le double de celui du lait frais entier saura que c’est pour son bien. Pour pouvoir masquer les quelques défauts de goûts du produit fini, la coopérative ajoute à son Supermilk un extrait aromatique à base de cola dont la composition est maintenue secrète. Dans une première version, elle avait prévu d’ajouter quelques oméga 3 de poisson. Elle a fini par y renoncer pour garder toute la pureté du lait à son produit. Une pureté acquise de haute lutte.