Le grand retour des Rivesaltes
Les producteurs de vins doux naturels du Roussillon ont décidé de tirer un trait sur Grand Roussillon, une appellation devenue voie de garage et frein structurel au renouveau des produits haut de gamme de la région, les muscats et les rivesaltes. « La profession a cru que c’est en s’appuyant sur Grand Roussillon qu’on parviendrait à sortir le vignoble de l’ornière, mais ce calcul s’est révélé faux » explique Jean-Louis Salies, président du comité interprofessionnel des vins du Roussillon. « En quelques années, l’hectolitre de Grand Roussillon a atteint 80 % des volumes contre 20% pour les Rivesaltes, c’est un effet contraire à ce qui était attendu qui s’est produit. »
Devant le constat d’échec, la politique du vignoble a été entièrement remise à plat et de nouvelles bases ont été posées. « Nous avons pris le problème par le bon côté cette fois-ci en partant de la production pour aller vers le marché et non le contraire avec pour objectif d’équilibrer l’offre et la demande » explique encore Jean-Louis Salies. La production a été segmentée pour que l’offre soit plus lisible avec notamment la disponibilité des produits en plusieurs couleurs (blanc, ambré, tuilé). « À partir de là, nous avons pu construire une nouvelle image de nos produits, appuyée notamment sur nos vieux et très vieux Rivesaltes dont on ne s’était jamais servi. »
Parallèlement, une grande restructuration du vignoble a été conduite pour ramener la surface à 5 300 hectares contre 16 000 en 1995. Sans oublier la réforme du décret qui porte à trois ans l’élevage des vins et un intense travail de communication. Grand Roussillon, parti de rien en 1997 (1 000 hectos), parvenu à 110 000 hectos en 2000 a aujourd’hui disparu des stocks, ou presque, pour laisser la place à l’appellation Rivesaltes. 2008 s’annonce même tendu. La petite récolte 2007 ne suffira pas forcément à honorer toutes les demandes cette année. L’offre portent en effet sur 130 000 hectos pour une demande estimée à 153 000 hectos… Alors que les prix ne sont pas les mêmes : 95 euros l’hecto en Grand Roussillon et plus de 125 pour les Rivesaltes. L’interprofession entend poursuivre ces efforts de pérennisation de la filière en investissant 1,8 millions d’euros en communication sur 18 mois.