Le bœuf irlandais lorgne à nouveau le marché français
Le déficit de la production bovine européenne attise les convoitises. Après la réussite d’un marché test, le bœuf irlandais se lance à l’assaut du marché français. « Nous voulons retrouver les volumes exportés sur l’Hexagone avant la crise de l’ESB, soit 50 000 tonnes», a déclaré mardi Jim O’Toole, directeur du Bord Bia en France, lors d’une conférence de presse. Leur niveau a représenté 24 000 tonnes l’an dernier.
Le test a été mené dans sept supermarchés de deux enseignes, en région parisienne, dans l’Est, le Rhône et le Sud, entre novembre et avril derniers. Il visait à étudier la réaction des consommateurs pour démontrer le potentiel du bœuf irlandais dans la grande distribution française. Le produit était identifié par une publicité sur le lieu de vente et des dégustations avaient lieu les week-ends.
10 % des Français ne regardent pas l’origine
Les résultats de l’agence Motivaction remettent en cause la stratégie actuelle des distributeurs. « Nombre d’entre eux mettent en valeur la race, ce qui ne correspond pas aux attentes des clients », souligne-t-elle. En effet, 21 % des personnes interrogées ignorent la race du bœuf acheté et 28 % sont incapables de citer spontanément un nom de race. 10 % ne connaissent pas l’origine du bœuf acheté. Les critères essentiels de choix sont la date limite de consommation, l’aspect, le prix, le type de morceau. Bien que l’offre soit jugée plutôt satisfaisante, il est demandé davantage de promotions, d’informations sur la viande, des prix plus attractifs.
Les consommateurs font preuve d’une grande ouverture vis-à-vis de l’origine. 39 % sont acheteurs de bœuf irlandais, auxquels s’ajoutent 34 % de clients potentiels. « L’étude montre que les réfractaires à la provenance étrangère représentent, selon les magasins, 12 à 25 % de la clientèle », signalent les auteurs. Un sondage téléphonique auprès des acheteurs de bœuf irlandais montre une très grande satisfaction à l’égard du produit consommé à domicile. 75 % le jugent excellent et 17 % l’estiment assez bon. Au final, 91 % sont prêts à en acheter de nouveau.
Une image jugée positive par les consommateurs
Les raisons d’achats, évoquées spontanément, sont principalement le goût (58 %), puis l’aspect (30 %), la tendreté (29 %) et, à un degré moindre, le désir de changement (20 %), le prix (17 %), l’habitude (17 %). L’image du produit repose sur des éléments très positifs. Aux yeux des consommateurs, l’origine peut être retracée (84 % d’accord), les contrôles d’hygiène sont stricts (80 %), l’alimentation est saine (80 %), les animaux sont élevés en pleine nature (79 %). Les qualités organoleptiques sont aussi très appréciées. C’est une viande de très bon goût (94 %), de couleur appétissante (90 %), tendre (84 %).
Elle est jugée très proche de son équivalent français. Ses acheteurs estiment que les conditions d’élevage sont les mêmes (93 %), les qualités sont identiques (71 %), l’Irlande n’est pas plus affectée par l’ESB que l’Hexagone (80 %). Le rapport qualité-prix est favorable au boeuf irlandais. 42 % des répondants lui attribuent le même prix, 21 % un prix supérieur et 37 % un prix inférieur. La réalité correspond à cette impression, puisque les magasins proposaient souvent des prix comparables entre origines française et irlandaise. L’un d’entre eux se situait même à -15 %.
Conclusion de l’étude, le bœuf irlandais gagne à être connu. Une opinion renforcée par le fait que 29 à 43 % des interviewés ne rejettent aucun pays. Si la viande bovine française est absente, l’Irlande devient leur pays préféré. « Les consommateurs se sont attachés au produit. D’ailleurs, ils en ont stocké. Après le départ des animatrices, certains se sont inquiétés de la disparition des références et ont demandé d’autres morceaux. » Le Bord Bia envisage maintenant d’étendre l’opération avec les mêmes enseignes et de recruter d’autres distributeurs.