La pomme limousine craint la Chine
«Nos coûts de main-d’œuvre sont hélas cent fois supérieurs à d’autres pays producteurs de pommes, comme la Moldavie ou la Chine. » Yves Chaufaille, directeur de la coopérative corrézienne Perlim (siège à Objat) n’a pas caché ses inquiétudes lors de l’assemblée générale annuelle qui s’est tenue vendredi dernier à Voutezac. Ses propos ont tempéré quelque peu la satisfaction générale issue de la récente obtention d’une AOC qui fait de la Golden du Limousin la seule variété Française distinguée par une appellation. Une pomme qui, avec 20 % du marché national, reste une valeur sûre, appréciée des consommateurs, tandis que ses vergers sont les seuls à progresser au sein d’une Europe et d’une France pomicultrice en régression. (-21 % de vergers dans la Communauté et -25 % dans l’Hexagone).
Son succès lui vaut cependant une concurrence agressive, venue des pays de l’Est, de la Pologne surtout, et de l’hémisphère Sud, Australie incluse. Mais la Chine avec sa progression phénoménale en reste le grand danger potentiel : 2,7 millions de tonnes produites sur 750 000 ha en 1980 pour 17,3 millions sur 2,24 millions d’ha en 2003. Avec des exportations estimées à 700 000 tonnes l’an dernier, l’inquiétude est manifeste auprès des dirigeants de Perlim, qui n’en baissent pas les bras pour autant.
La coopérative Limousine va investir 7,1 millions d’euros sur un plan lancé en 2003 jusqu’en 2006. Il permettra la construction de nouveaux entrepôts frigorifiques et de stockage, l’achat de nouvelles machines, la modernisation de l’outil de traitement. Les pomiculteurs régionaux ont également regroupé 95 % de leurs effectifs dans une association baptisée « Ass. Pomme du Limousin » tandis qu’un Comité Interprofessionnel voyait le jour dans le but de réglementer la production AOC.