La fin des embûches pour l’IGP Pâtes d'Alsace
Onze ans de démarches pour 6 minutes de cuisson. Voilà à peu près le parcours de l'IGP Pâtes d'Alsace, accordée en novembre après une demande déposée en 1994 ! Le 16 juin 1996 paraît au Journal Officiell'arrêté d'homologation de la CCP « pâtes d'Alsace ». Rien ne s'oppose donc à la transmission du dossier à la Commission européenne. Mais en 1997, l'administration n'a toujours rien transmis à Bruxelles et la réorganisation des services chargés d'instruire les dossiers IGP (en 1998-1999) ralentit un peu plus le transfert.
La Direction des politiques économiques et internationales du ministère se décide à déposer une demande officielle en 2000, que la Commission européenne rejette au niveau juridique.
En 2002, le Parlement européen accepte la demande d'élargissement du champ d'application aux pâtes alimentaires, coup d'envoi de l'instruction du dossier, finalement validé le 14 novembre 2005. Victimes de ces délais à rallonge, deux des quatre entreprises à l'origine de la démarche ne figurent plus dans les heureux (et patients) élus.
Aujourd'hui, seules deux sociétés fabriquent les pâtes d'Alsace, dont la principale caractéristique est d'incorporer 7 œufs par kilo de semoule de blé.
Le marché français représente que 11,4 %
Chez Heimburger, qui commercialise ses pâtes d'Alsace IGP (90 % des volumes) sous la marque Grand'Mère et en MDD, l'approvisionnement en œufs se fait auprès de casseries locales, mais la zone d'achat s'élargit par manque de volumes disponibles. L'incorporation des œufs rend le produit plus facile à travailler, et moins long à cuire.
Chaque année, 25 000 tonnes de pâtes CCP (et donc IGP depuis novembre) sortent des deux usines de Heimburger et de son concurrent Kuentz (marque Valfleuri), à répartition égale. Plutôt qu'un développement lié à l'obtention de l'IGP, l'entreprise Heimburger entend surtout « défendre ses parts de marché » a ainsi expliqué Robert Heimburger, pdg de la société éponyme. Le classement en IGP signifie également la protection contre les copies qui fleurissaient à une certaine époque, en utilisant sur leur emballage une cigogne d'Alsace ou la représentation de la cathédrale de Strasbourg.
Le marché français des pâtes aux œufs ne représente cependant que 11,4 % des ventes totales de pâtes, en retraits de 1,3 point sur un an. « Avec notre positionnement, nos volumes sont légèrement en baisse, mais celle-ci est moins importante que les pâtes aux œufs génériques » note le p-dg, dont le chiffre d’affaires reste stable d'une année sur l'autre, à 25 millions d’euros
Pour le moment, le logo IGP n'est pas encore présent sur les emballages pour des raisons techniques mais devrait faire son apparition dans les mois à venir. Thirion, une troisième entreprise de taille plus modeste est sur les rangs pour accéder à l'IGP, mais des investissements seront nécessaires pour la mise à niveau nécessaire au label. La qualité semble d'ailleurs être l'alternative gagnante dans ce segment. Lustucru, acteur de poids dans les pâtes aux œufs (sans label) va lancer une gamme premium en mai, après une phase de test entamée il y a un an chez Carrefour.