La Bretagne agricole s'adapte par la réduction des charges
Comme à chaque fois, la dixième édition de « l'économie agricole bretonne » publiée par la chambre régionale d'agriculture de Bretagne (1) contient les éléments d'analyse de la situation internationale et l'état des filières de production en Bretagne. Sur ces deux sujets, 2004 « marque bien une année de changements (élargissement de l'Union européenne, nouvelle réforme de la PAC, reprise des négociations de l'OMC et attentes sociétales) qui a ou aura des conséquences sur les filières agricoles bretonnes », a expliqué Yves Le Gourriérec, vice-président de la chambre régionale d'agriculture de Bretagne.
En près de 80 pages, le document intitulé « Economie agricole bretonne, analyse et perspectives » fait le tour de ces questions. L'augmentation de l'accès au marché européen de matières premières ou produits transformés continue de produire ses effets dans la branche volaille. C'est la sixième année consécutive de baisse. « Pertes nouvelles de marchés à l'exportation en Europe comme sur pays tiers et achats des ménages en baisse » : scénario classique. Depuis 1999, la Bretagne avicole a perdu 150 000 tonnes, soit un cinquième de son activité, selon la chambre régionale (prévision de 690 000 tonnes en 2004). Il s'agit cependant d'une baisse limitée à 1,5 % (contre 5,3 et 5,2 % de baisse en 2002 et 2003) due au recul de la production bretonne de poulet de 6 % alors que la dinde redémarre doucement (+ 2,8 %). Mais pendant ce temps, l'adaptation des structures de production (cessation d'activité) et de transformation se poursuivent. 2004 a vu une nouvelle réorganisation industrielle chez Doux ; la spécialisation des outils chez Unicopa ; la vente du pôle avicole de la Coopérative des agriculteurs du Morbihan à LDC, etc.
Lait : de profondes perturbations
De la même manière, la production laitière en Bretagne a souffert en 2004. En cause ici : l'élargissement de l'UE à 25, et la mise en œuvre de la nouvelle organisation commune des marchés. Des modifications qui ont entraîné de profondes perturbations sur les marchés. De leur côté, les productions porcine et légumière ont connu, elles aussi, une année noire en 2004. Mais pour d'autres raisons : baisse de la consommation en viande de porc, forte concurrence des choux-fleurs polonais en surgelé...
Pouvoir se restructurer «plus facilement»
Désormais, « l'agriculteur breton n'a comme solution que la réduction de ses charges, a repris Yves Le Gourriérec. Il doit pouvoir se restructurer plus facilement. Un décret sur le sujet. Est prévu dans les prochains mois La loi d'orientation agricole en préparation clarifiera la transmission des exploitations ». Les adaptations ne concernent pas que la production, mais l'ensemble des filières. La chambre régionale d'agriculture de Bretagne prêche dans ce sens depuis plusieurs années, poursuit en substance M. Le Gourriérec. Mais l'élu dit s'interroger sur les réelles intentions des entreprises à s'allier. « La situation n'est peut-être pas encore assez grave », conclut laconiquement Yves Le Gourriérec.