Importations de choc pour «casser» les prix de la pomme de terre
Né avec la décision du ministère de l’Économie et des Finances de taxer les prix de vente au détail, le « conflit de la pomme de terre » est toujours dans l’impasse, chaque interlocuteur restant, semble-t-il, sur ses positions. Mais l’acceptation par M. Auberger, directeur de la production et des marchés, au ministère de l’Agriculture, d’une mission de « bons offices » et surtout la perspective d’importation en provenance de Pologne devraient être de nature à ramener le calme sur les marchés et à régler le différend opposant les professionnels aux Pouvoirs publics. Le désemblavement en Allemagne fédérale et la sécheresse qui a sévi, l’été dernier un peu partout en Europe, notamment en Grande-Bretagne, ont provoqué, à l’exception de la France où la production semble s’être maintenue à son niveau normal (6 millions de tonnes) une pénurie de pommes de terre dont les effets ont commencé à se faire sentir à la fin de l’année. Le niveau élevé des prix chez nos partenaires commerciaux (1 F et plus au kg) a donc conduit les importateurs étrangers à venir s’approvisionner en France. Mais l’envolée des exportations (elles sont passées d’une année sur l’autre de 160 000 à 230 000 tonnes) n’a pas tardé à peser sur les prix. Pour enrayer une poussée très forte des prix (+ 150 % en un an selon le quai Branly), le ministère de l’Économie et des Finances a donc décidé, a la fin du mois de janvier de taxer les prix. Mais le prix taxé (0,62 F au kg au stade de gros dans la région parisienne) est jugé nettement insuffisant par les entreprises qui, compte tenu des cours actuels sur les places de production affirment enregistrer une perte de 15 centimes pour chaque kilo vendu. D’où la naissance d’un vaste mouvement anti-taxation dans le négoce. Malgré ces protestations, il ne semble pas que le ministre de l’Économie et des Finances remette en cause la taxation.