Ils ont dit
Le salon de l'Agriculture 2006 n'a peut-être pas connu le succès populaire habituel, mais il a été riche en petites phrases, sur fond de crise avicole. Jacques Chirac a donné le ton dès l'ouverture, samedi dernier. Après confirmation du premier cas du virus H5N1 dans un élevage, le chef de l'État a déploré « une espèce de panique totalement injustifiée » et exhorté « solennellement » les médias à « bien souligner qu'il n'y a pas de danger à consommer de la volaille ou des œufs ».
Tout le monde a relevé l'application du Premier ministre à exécuter le conseil présidentiel. Lors de sa visite au SIA mardi, Dominique de Villepin s'est prêté au jeu des dégustations. « On la défend, la volaille ! Je n'en ai jamais autant mangé mais cela fait plaisir », a-t-il lancé devant les caméras. Sans l'image, on aurait même cru entendre le président de la République : « j'adore le beaufort ! », dit-il en dégustant une tranche avant de proclamer, au stand des produits laitiers, « Un verre de lait le matin, c'est formidable ! ». Présenté à un jeune de 16 ans, en première année de CAP-boucher, il lui lance : « Quand on démarre aussi vite avec une passion, on va loin… ». Les comices agricoles sont toujours vivants…
La semaine a été marquée par la tonitruante visite, mardi, de la favorite des sondages, Ségolène Royal. Elle a profité du déplacement pour exiger du gouvernement « de débloquer très rapidement les aides qui ont été annoncées et qui ne sont toujours pas arrivées sur le terrain ». « C'est bien de manger du poulet, encore faut-il que les aides arrivent ! ».
L'intervention n'a pas plu, mais alors pas du tout, à Dominique Bussereau, qui se trouve être également un adversaire politique de Ségolène Royal en région. Interrogé sur la « sortie » de la présidente du Conseil régional de Poitou-Charentes, il a répliqué d'un cinglant : « Mme Royal ferait mieux de se taire au lieu de dire ce genre de choses sans connaître les dossiers ». « Quand dans un pays de l'Union européenne, on déclenche des aides (...) on les notifie d'abord à l'Union européenne. Une fois qu'elles sont notifiées, on peut les appliquer sur le terrain », a expliqué Dominique Bussereau.
La visite de l'élue socialiste a également donné lieu à quelques vifs échanges avec Jean-Michel Lemétayer. Les deux personnalités sont tombées nez à nez devant le stand de la FNSEA. Extraits du dialogue (?) : « vous aurez bien un moment pour vous arrêter ? », lance le président du syndicat. « Non, je n'ai pas le temps», lui rétorque sèchement Ségolène Royal avant de lui lancer, toujours à propos des aides non versées : « mettez-vous en colère ». Le président de la FNSEA Jean-Michel Lemétayer n'a pas apprécié non plus d'être ainsi apostrophé. Il a accusé jeudi la députée socialiste d'être « atteinte du virus de la démagogie », à propos des aides promises par le gouvernement. Ambiance...