Fruits et légumes : le salut de la filière est dans le regroupement
Al’heure où les grossistes ont décidé de prendre un grand recul vis-à-vis de l’interprofession fruits et légumes (Interfel), la convention de leur syndicat, commune avec les expéditeurs-exportateurs de l’Aneefel, à Arles, la semaine dernière, a pris une saveur tout à fait particulière pour les témoins de la réunion, même si peu de prises de positions politiques sont à rapporter. La présence de « politiques » de la filière a été remarquée, en particulier celle de Christian Pauleau, nouveau président de la FNPFruits, venu en voisin.
Le contexte des fruits et légumes s’améliore pourtant à entendre Laurent Damiens, directeur d’Aprifel, qui a délivré à l’assistance deux mauvaises et deux bonnes nouvelles, issues des derniers chiffres de Secodip. Les mauvaises nouvelles d’abord : en 2004, pour la première fois, la France a été en situation de « déconsommation » alimentaire, avec des dépenses en baisse et la baisse confirmée des ventes de produits frais entamée dans les années quatre-vingt est confirmée.
En revanche, bonnes nouvelles : les ventes de fruits comme de légumes sont en augmentation en termes de volumes et en valeur pour les seuls fruits. De plus, le consommateur moyen tend à se rajeunir.
Le partenariat plutôt que le mariage
Aujourd’hui, l’enjeu est donc de rendre le fruit plus accessible. De ce côté, les grossistes ont fait valoir leurs éléments (voir encadré). La distribution, elle aussi est en mouvement avec un commerce spécialisé qui a subi la loi de la GMS, plus structuré et plus forte, mais aussi ses propres errements (marges excessives, qualité inégale, manque de service et un trop-plein de volonté d’indépendance), comme l’a souligné Frédéric Chatagnon de PB Conseil.
C’est en rassemblant les forces que pourrait venir le salut : « pour les détaillants comme pour les grossistes de marché, la notion de regroupement, de réseaux d’offres s’impose aux opérateurs » a asséné Bernard Piton, président de l’UNCGFL. Pierre Feugas, du cabinet Ersnt & Young, s’est efforcé de faire comprendre qu’aujourd’hui l’évolution des deux métiers passe par une lecture de leurs caractéristiques et spécificités. Il a développé la notion d’alliance, non comme un modèle mais comme un moyen de s’enrichir mutuellement des forces et atouts respectifs. Avec d’un côté un expéditeur, implanté dans un bassin de production vendant à une pléthore de clients et de l’autre, un grossiste, s’approvisionnant à de multiples sources pour vendre sur un bassin particulier, la réflexion est tentante, mais c’est surtout le partenariat qui est revenu dans la bouche du public, et non pas le « mariage ». Evidement, pour les expéditeurs, naturellement plus proches des producteurs, la vision peut être différente. Luc Métral, président de l’Aneefel, prône pour sa part pour un « adossement des entreprises de l’expédition sur l’organisation économique ».