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F&L : le PNNS 2 interpelle la filière

Bernard Piton, président de l'Union nationale du commerce de gros en fruits et légumes (UNCGFL), réagit pour Les Marchés aux propositions de Serge Hercberg pour le programme national nutrition santé 2 (2006-2008).

Les Marchés : La première action du PNNS 2 proposée dans le rapport de Serge Hercberg prévoit de faire baisser le prix des fruits et légumes (notamment par la baisse de la TVA, la réduction des charges sociales, l'engagement de la filière à répercuter la baisse des coûts, des promotions sur les fruits et légumes une semaine par mois ou tous les samedis). Comment réagissez-vous à cette proposition ?

Bernard Piton : Sur l'idée, on ne peut qu'être favorables. Ensuite il faut voir la traduction en plan d'action et sa faisabilité. La proposition est louable, mais sa mise en œuvre va demander du travail. Baisser la TVA c'est bien en effet d'annonce, mais est-ce que ça va avoir un impact significatif ? Les mesures les plus importantes que j'ai perçues à travers ce rapport sont celles qui relèvent de l'entrée des produits dans les collectivités et sur les marchés publics. Je pense que ces secteurs sont une vitrine à condition d'être performant dans la définition de l'offre, une offre de qualité. C'est un défi pour nos filières et j'ai souhaité l'inscrire à la prochaine réunion RHD de la commission d'Interfel.

LM : La deuxième grande action vise à rendre plus disponible et plus accessible les fruits et légumes (utilisation élargie des tickets restaurant, multiplication des distributeurs automatiques de fruits et légumes, chèques fruits et légumes pour les plus démunis, soutien des marchands de 4 saisons, baisse des prix des F&L en RHF), soutenez-vous ces propositions ?

B. P. : L'idée des tickets fruits et légumes est intéressante parce qu'elle vise à rendre plus facile l'accès pour les populations les plus défavorisées. Je ne sais pas si on y arrivera. Les fruits et légumes sont des produits faits par des hommes, il y a de la valeur ajoutée à chaque échelon, on ne parviendra pas à baisser, sauf de façon incantatoire, les niveaux de prix surtout si on veut qu'ils soient bons.

B. P. : Pour les plus défavorisés les idées du rapport sont bonnes mais pourquoi ne pas les pousser plus loin comme cela se fait pour les tickets repas en développant une politique proactive de prise de participation par les entreprises sur des tickets dédiés ? Concernant la baisse des prix en RHF, je pense que ce n'est pas contradictoire avec l'amélioration de la qualité des produits. C'est possible à condition de se référer à une concurrence permanente et d'être dans une procédure de certification professionnelle.

Quant aux marchands de Quatre saisons, pourquoi pas! Les achats de fruits et légumes se font à un rythme hebdomadaire et non quotidien. Les gens consomment d'autant plus qu'ils sont exposés. Donc tout ce qui peut permettre de placer une charrette près des flux de population ou des lieux de travail est une bonne chose.

LM : Le 1er PNNS a eu un impact finalement assez limité sur la consommation. Comment analysez-vous cet échec relatif ? Avec ces mesures concernant le prix et l'accessibilité, le PNNS 2 vous semble-t-il aller vers plus d'efficacité ?

B. P. : Le poste alimentaire connaît pour la première fois depuis très longtemps une baisse. Les fruits et légumes qui ne sont pas markétés et ne concernent pas les grandes sociétés internationales tirent un peu leur épingle du jeu. Ca, c'est le côté positif. Le PNNS 1 a permis une prise de conscience de la population sur la nécessité d'intégrer les fruits et légumes dans leur alimentation, mais cela n'a pas réglé le problème de l'accessibilité. Les orientations du PNNS 2 s'intéressent plus à ce problème. Elles lancent un défi aux acteurs de la filière qui doivent changer leur manière de penser le produit. Pour le PNNS 2, je ne sais pas si on va pouvoir trop jouer sur le prix : c'est un problème de concurrence. Et ne limitons pas la question de l’accessibilité à un problème de prix. Mais le PNNS 2 est une sacrée interpellation pour les entreprises de la filière. Ca doit nous faire réagir.

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