Faux nez
Évidemment, la question du financement du syndicalisme agricole est posée. Le contexte est lourd, peut-être pas très favorable pour trouver des solutions équilibrées. Mais on ne peut pas attendre longtemps. Les mises en cause judiciaires et médiatiques récentes de plusieurs dirigeants ont eu un seul mérite : révéler à ceux qui en doutaient encore que la juridisation de la vie publique et de l’action professionnelle est en cours à marche forcée, et que la caution de la tutelle ministérielle vaut ce qu’elle vaut, c’est-à-dire plus grand-chose. N’empêche que le système aujourd’hui mis en examen a servi d’abord aux gouvernements successifs pour régler des problèmes qu’ils ne savaient pas maîtriser autrement. Ne me forcez pas à raconter les distributions d’enveloppes pour stabiliser tel marché en crise, ne faites pas semblant d’ignorer que cette entreprise, et dix et cent autres, ont bénéficié d’aides occultes pour intervenir sur les marchés, pour exporter, parfois pour survivre. Il fallait mettre les mains dans le cambouis, certains l’ont fait. Les accabler aujourd’hui serait d’une totale hypocrisie. Mais on a du goût pour ces petites lâchetés au bal des faux-nez, et la sarabande des masques n’est pas près de s’achever.