Export de vins : il n’y a pas que le champagne
La baisse des exportations de vins en 2004 avait suscité des réflexions pessimistes, voire défaitistes dans la filière. L’amélioration des résultats 2005, particulièrement ressentie dans les derniers mois de l’année, avait remis du baume au cœur de la profession, mais cette reprise était le fait de quelques produits et surtout du champagne (le cognac jouant le même rôle dynamique pour les spiritueux). La situation des vins tranquilles ne s’améliorait pas et le fait que l’équilibre du marché d’exportation reposait sur quelques produits de haut de gamme ne rassurait qu’à moitié. Or, depuis le début de l’année 2006, on assiste à une vigoureuse reprise des ventes extérieures de vins tranquilles dans pratiquement toutes les régions viticoles de France.
Des positions «récupérées»
Ainsi, en février, les exportations de vins, effervescents et tranquilles ont progressé de près de 5% en volume et de 10,4 % en valeur, avec 385,5 millions d’euros ; pour les 2 premiers mois de l’année, la progression en volume est de 8,6 % et elle atteint en valeur 12,8 % avec 744 millions d’euros.
Pour les seuls vins tranquilles, la progression a été en février de 5,2 % en volume et de 13,5 % en valeur. Sur 2 mois, les ventes ont augmenté de 8,9 % en volume et de 14,5 % en valeur, atteignant 505 millions d’euros. En février, l’augmentation des ventes a concerné pratiquement toutes les AOC, le Bordeaux avançant de quelque 3 % en volume mais de 37 % en valeur. Le bassin Bourgogne-Beaujolais a exporté +7,3% en volume et +5,5% en valeur, l’Alsace – 1,7 % en volume, mais +5,6 % en valeur. Pour les vins de pays, les volumes ont augmenté de près de 2 % mais la baisse des prix de ces produits s’est traduite par un tassement de 0,6 % en valeur ; les vins de table ont vu leurs ventes progresser de 13,3% en volume, mais là encore, les bas prix ont limité la hausse en valeur à 1,7 %.
La reprise des exportations de vins français amorcée depuis le second semestre 2005 mais surtout fortement consolidées depuis le début de l’année, résulte essentiellement, selon la FEVS (Fédération des exportateurs de vins et spiritueux) de la récupération de positions perdues ces dernières années. Certaines maisons ont entrepris un gros travail à l’exportation et la plupart des catégories ont profité de la forte progression des marchés d’Amérique du Nord, le Bourgogne ayant bénéficié de «l’effet Pinot noir» que l’on attribue au film Side ways (voir notre édition de mercredi).
Certes, en parts de marchés, tout n’est pas récupéré. Mais dans un marché mondial en progression, on ne peut éviter que d’autres producteurs prennent des places ; l’important reste quand même que nos exportations progressent en valeur absolue. On avait sans doute enterré un peu trop vite nos capacités d’exportation de vin. Il ne faudrait pas non plus chanter victoire à partir d’un bilan de quelques mois plus positif, aussi rassurant soit-il.