Eau : l’UFC propose son propre projet de loi
Le projet de loi sur l’eau n’a pas fini de faire couler beaucoup… d’encre. Dans le cadre de son programme «Eau réconciliation 2015», l’UFC Que Choisir a présenté hier sa version de la politique agricole de l’eau. L’association propose la mobilisation annuelle d’un milliard d’euros pour un plan agro-environnemental destiné à réduire la pollution et la consommation d’eau estivale, et à aider financièrement les agriculteurs à adopter des pratiques qui favorisent la protection de l’eau.
« L’UFC affirme que les agriculteurs ne sont pas coupables. Ce sont les politiques de l’eau qui sont responsables», a assuré Alain Bazot, son président qui a détaillé la répartition des fonds, opérée à budget constant. 700 M Eur proviendraient du 2e pilier de la PAC (400 M Eur issus du fonds pour le développement rural, et 300 M Eur de subventions attribuées au titre de l’article 69, ces fonds étant transférés du premier vers le deuxième pilier de la PAC). Enfin, les 300 millions d’euros restants seraient issus des redevances payées par les agriculteurs aux agences de l’eau.
Cette proposition a été défendue par Roselyne Bachelot, députée européenne et ancienne ministre de l’écologie, présente pour participer à un débat sur le sujet organisé par l’UFC. Parmi les participants se trouvaient notamment Christiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA. Car rien ne garantit que le monde agricole s’aligne sur les positions défendues par l’UFC.
Le basculement de 300 M Eur du 1er vers le deuxième pilier amputerait d’autant les aides directes. Dans sa liste de propositions, l’association de consommateurs préconise d’augmenter certaines aides «les plus pertinentes» pour favoriser une transition en douceur. Y figure par exemple la doublement de la prime de rotation, qu’elle souhaiterait voir passer de 60 à 120 euros par hectare dans les zones à risque. « Elle permettrait de réintroduire le colza et le tournesol dans les zones de grandes cultures» estime François Carlier.
Le chargé de mission environnement de l’UFC Que Choisir précise que ce programme global propose un ciblage géographique des aides, les plus touchés par les problèmes liés à l’eau en bénéficiant le plus. Ce programme est au stade de la proposition, sa traduction dans les faits restant liée à l’adoption d’amendements au projet de loi sur l’eau dont les premières ébauches remontent il y a une dizaine d’années. L’appui des parlementaires est impératif, mais Alain Bazot reste confiant, avec cette phrase sibylline : « tant que la loi n’est pas adoptée, ce n’est pas encore la loi».