Dunkerque convoite son hinterland agroalimentaire
> Stéphane Raison, président du directoire de Dunkerque Port.
Au fil des campagnes, Dunkerque Port revoit sa stratégie. « L'annus horribilis » de 2009 a laissé des traces dans les esprits des dirigeants du 3e port français, 7e port Nord-européen dont le trafic annuel passait de 57,7 à 45 millions de tonnes. Nouveau président du directoire depuis le 25 juillet 2014, Stéphane Raison sait qu'il doit défendre une plus grande diversité des trafics. « Il faut que Lille, et sa région, repasse par Dunkerque », expliquait-il en commentant récemment les principaux résultats de 2014.
Dunkerque Port porte donc un regard de plus en plus bienveillant sur son hinterland agroalimentaire. Ses dirigeants n'ignorent plus la puissance de l'industrie agroalimentaire de la future région Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Quant au président François Soulet de Brugière, il estime qu'il y a « une vraie prise de conscience de la région lilloise, Lille ne semblant plus être aujourd'hui l'ami d'Anvers et l'ennemi de Dunkerque ».
1er port sucrier françaisLes chiffres présentés le 15 janvier leur donnent raison. En céréales, « l'année a été excellente et les perspectives sont plus qu'intéressantes ». Avec un trafic céréalier annuel de 2,3 millions de tonnes (+48 %), Dunkerque se hisse à la 3e place des ports céréaliers français, derrière Rouen et La Rochelle. La Sica Nord-Céréales, qui joue à fond la carte de l'attractivité, poursuit ses investissements pour accroître sa compétitivité. Elle vient d'investir plus de 3 millions d'euros dans de nouveaux séchoirs et un nettoyeur, ainsi que dans un outil de déchargement de barges qui amènera sa capacité journalière à 9 000 tonnes dès le 1er juillet 2015.
Fait nouveau, la Sica parie désormais sur des trafics à l'import (comme des tourteaux ou des engrais). Le port devrait étudier tout prochainement la réorganisation des terrains connexes à la Sica pour favoriser ce nouveau flux à destination notamment des fabricants d'aliments du bétail du Nord-Picardie. Ils permettront aux camions venant décharger de repartir à plein. (1)
« On peut encore développer le trafic sucre à Dunkerque notamment à la faveur de la disparition des quotas en 2017. Encore faut-il que Dunkerque attire de nouvelles lignes maritimes et que le port fasse plus d'efforts sur la flexibilité de sa main d'œuvre », nuance Stanislas Bouchard, DG de Cristalco. La filiale commerciale du groupe Cristal Union a rencontré des difficultés de chargement fin décembre. Des tempêtes et une main d'œuvre intérimaire indisponible ont provoqué des retards de chargement. « Nous avons dû mettre du sucre en conteneurs à destination du Havre et d'Anvers », ajoute-t-il. Il n'écarte pas une mise à disposition du TTS à d'autres opérateurs pour retrouver le rythme des années 2000 (350000t/an contre 189 000 t en 2014).
“Il faut que Lille, et sa région, repasse par Dunkerque
Sur le plan logistique, à la voie d'eau (60 % de l'acheminement en céréales) et à la route s'est ajoutée la voie ferrée : 70 trains céréaliers (environ 100000 t) sont ainsi déjà programmés sur le premier semestre 2015 en provenance notamment de Champagne-Ardenne. Dunkerque se hisse également à la première place en tant que 1er port sucrier français à partir de son ter” minal TTS contrôlé à 100 % par le groupe Cristal Union. « L'après-quota nous ouvre également des perspectives intéressantes », explique Stéphane Raison. Avec un trafic de 710000 tonnes, les produits frais sont en forte hausse (+23 %). Le trafic de bananes est passé de 350 à 436 000 tonnes (dont 209000 t en provenance de Martinique et 82 000 t du Surinam), les agrumes de 112 à 125 000 tonnes (importation de 64500 t du Maroc et exportation de 60000 t vers la Russie). Quant aux pommes de terre, le trafic est passé de 17 500 à 44 020 tonnes (8 029 t vers la Russie, 5 760 t vers le Portugal et 2286 t vers les Émirats arabes unis).
(1) La Sica a importé 22 000 tonnes de tourteaux de tournesol en provenance d'Ukraine et 15 000 tonnes d'engrais, en 2014.