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Coop de France change de méthode, pas d’objectif

Coop de France a pris un nouveau départ en 2005. Loin des ambitions affichées en décembre 2003 par cette organisation dans laquelle devaient se fondre à court terme l’ancienne CFCA et les 19 fédérations nationales spécialisées de coopératives, le bureau élu lors de l’assemblée générale du 30 novembre dernier entend dorénavant construire l’édifice pierre par pierre et dans la discrétion.

« Nous nous sommes laissés enfermer en 2004 dans les seuls problèmes organisationnels en négligeant l’essentiel : les enjeux politiques», regrette aujourd’hui Philippe Mangin, auquel les présidents des fédérations de coopératives ont renouvelé leur confiance pour poursuivre le mouvement de refondation des organisations professionnelles.

«Nous avons opté pour une attitude plus pragmatique, en renversant l’ordre des choses. Plutôt que de construire tout de suite la maison, nous allons tenter de démontrer que le rapprochement entre nous peut fonctionner sans bouleversement juridique», dit-il. « Plutôt qu’un mariage en bonne et due forme, ce sera finalement une union libre», résume un observateur avisé.

Des droits de vote retrouvés

A la suite des propositions formulées par le comité de réflexion animé par Michel Fosseprez  * Président de 110 Bourgogne, Michel Fosserprez a animé le comité chargé de formuler des propositions de restructuration de Coop de France, les dirigeants de Coop de France ont entériné lors de leur assemblée générale l’abandon d’une construction à deux vitesses de l’édifice entre membres adhérents -6 fédérations au départ, puis 4- et membres associés. Dans le même temps, les fédérations associées ont retrouvé leurs droits de vote au sein de l’organisation. Fort de son expérience dans les différents secteurs de la coopération, Jacques Hubert (ex-Terrena), le nouveau directeur-général nommé début janvier, a été chargé de mettre en oeuvre ce nouveau fonctionnement. Depuis quelques jours, il coordonne l’action de plusieurs directeurs de fédérations nationales spécialisées auxquels ont été confiés des pôles de compétences par filière et des missions « horizontales» pour le compte de Coop de France (lire encadré). « L’objectif est d’y associer peu à peu d’autres fédérations», souhaite Philippe Mangin.

Physiquement, les différentes fédérations restent cependant séparées. Le SNDF (désydrateurs) devrait certes bientôt rejoindre le siège de Coop de France avenue de la Grande Armée, ainsi qu’un responsable juridique de la FFCAT (céréaliers) et sans doute à terme le Syncopac. « Mais les capacités d’accueil sur place sont limitées, explique Philippe Mangin. Si l’investissement dans un nouveau bâtiment a été différé, nous avons vocation à accueillir toutes les autres fédérations spécialisées dans un même lieu. »

L’essentiel, selon Philippe Mangin, est de mieux faire entendre la voix de la coopération et de peser sur les décisions. « Il faut qu’au sein de Coop de France, on parle moins d’organisation et plus des enjeux politiques. » Or les dossiers ne vont pas manquer, à commencer par la préparation de la loi d’orientation, dont le ministère veut accélérer la discussion. « On sait qu’elle comportera un important volet économique qui concerne directement le monde coopératif. Le constat de ces dernières années, en particulier depuis la dernière réforme de la Pac, c’est que Bruxelles s’est retiré de la gestion des marchés. Il y a donc un chantier énorme à entamer sur l’organisation des marchés agricoles. »

Coop de France déposera ses propositions au ministre d’ici à la fin du mois. Elles pourraient reprendre certaines propositions du rapport Guillaume, « dont certaines sont bien accueillies et d’autres plus contestées ». « Mais même s’il y a des avis différents, je ne souhaite pas que nos propositions soient le reflet d’un consensus mou. Il nous faudra donner des signes de notre volonté de faire mieux dans la valorisation des produits et dans l’alliance entre coopératives afin d’éviter les concurrences suicidaires entre entreprises ». Les premières propositions devraient être affinées lors du prochain conseil de Coop de France, le 20 mars.

Rééquilibrer les contributions

Reste le nerf de la guerre, le levier financier. Philippe Mangin se défend de toute dérive de l’organisation dans ce domaine. « Le bilan a fait apparaître en 2004 un déficit consolidé de 600 000 e sur un budget d’environ 4,6 M e. Certains ont fait mine d’être surpris de ce résultat. Mais on savait dès l’origine que Coop de France serait déficitaire la première année d’environ 500 000 e compte tenu des investissements prévus. Or ces investissements devaient être supportés, à l’origine, par toutes les fédérations. Cela n’a pas été le cas et c’est l’organisation réceptacle de la CFCA qui s’est retrouvée redevable de ces engagements. Cette situation n’est donc pas une surprise et encore moins une manifestation d’irresponsabilité de notre part ».

Si l’heure est aux économies, Coop de France n’entend pas pour autant se réduire comme une peau de chagrin. « Nous allons demander aux fédérations qui contribuaient moins de contribuer plus et à celles qui contribuaient plus de maintenir momentanément leur effort ». L’objectif final est de rééquilibrer l’effort financier entre les secteurs. « Cela demandera bien sûr un travail de conviction et d’explication. Mais nul ne conteste l’idée qu’il est nécessaire d’amener ce projet à terme. Au final, la coopération aura plus de poids, sera plus efficace et réalisera des économies de structure », conclut Philippe Mangin.

 

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