Ces espions qui nous gouvernent
Le général Rondot a-t-il fait preuve d’un désarmant amateurisme en conservant soigneusement à son domicile les notes prises lors de sa réunion avec le Premier ministre ? Ou cet espion « free-lance » s’est-il au contraire habilement couvert, flairant que l’affaire Clearstream risquait un jour de lui retomber sur la tête ? C’est le genre de questions que pose la ténébreuse affaire Clearstream dont la presse générale fait ses choux gras ces derniers jours. Elle rappelle que les espions sont partout, surtout là où ne les attend pas. C’est même à ça qu’on les reconnaît. Quelques discrets représentants des services ont même réussi à se faire une place dans l’industrie agroalimentaire. On se souvient notamment que Ricard fut connu pour avoir abrité quelques-uns de ces travailleurs de l’ombre. La présence de Charles Pasqua comme directeur des ventes y était sûrement pour quelque chose. Mais on se souvient aussi, plus récemment, de l’étonnant parcours d’Alain Juillet. Ce cadre de haut niveau fit une carrière brillante successivement chez Ricard (dont il fut directeur commercial), de Jacobs Suchard France (dont il fut le patron), de l’Union laitière normande (dont il assura notamment le succès de la marque Cœur de Lion), puis de France Champignon, qu’il dirigea également. Avant d’être nommé subitement, un beau jour de 2002, numéro 2 de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), révélant ainsi qu’au long de ses voyages d’affaire, il n’avait pas fait que de la promotion commerciale. Jeudi, l’attachée de presse de France Champignon, qui présentait sa nouvelle stratégie, semblait tout ignorer du parcours de l’ex-patron de l’entreprise. Lui, au moins, avait su rester discret.