Bruxelles essaye de faire décoller le bio
Dans la droite ligne du soutien apporté depuis quelques années par Bruxelles, le bio s’est vu conforté jeudi par l’adoption d’un « plan d’action européen en matière d’alimentation et d’agriculture biologiques». Constitué de 21 mesures, il est destiné à répondre à l’augmentation rapide du nombre d’agriculteurs engagés dans ces pratiques, et accompagne la forte demande des consommateurs observée au cours de ces dernières années. Plutôt qu’un tout nouveau texte, ce plan est l’aboutissement d’une démarche initiée en décembre 2002. Mis en consultation quelques mois plus tard sur le site internet de la Commission, accompagné d’un questionnaire, le document de travail a ensuite été discuté en juin 2003 par le Parlement européen, pour aboutir au plan adopté jeudi dernier.
Franz Fischler, commissaire chargé de l’agriculture, du développement rural et de la pêche, n’a pas manqué d’y apporter des commentaires: « la promotion des produits de qualité respectueux de l’environnement constitue l’un des objectifs majeurs de la nouvelle politique agricole commune réformée. C’est la raison pour laquelle nous souhaitons promouvoir l’agriculture biologique». L’analyse de la Commission a estimé à 2 % en moyenne la part actuelle de ce marché dans l’Union à 15, un pourcentage qu’elle souhaite « voir augmenter ou conserver à long terme». Et pour y parvenir, l’implication du consommateur apparaît indispensable.
Au rang des mesures annoncées figure donc l’amélioration de l’information, qui se traduit par le lancement de campagnes. Destinées aux consommateurs, mais aussi aux opérateurs et cantines publiques, ces opérations de promotion seront financées par l’UE. Plus en amont, la Commission veut intensifier la formation et la recherche à tous les niveaux sans oublier la formation à l’échelon de l’exploitation.
« Harmonisation des normes»
L’aspect juridique tient également une place importante dans le plan d’action : la mesure 10 vise à compléter et approfondir l’harmonisation des normes, en dressant par exemple la liste des additifs autorisés, et s’interroge sur la nécessité d’étendre le champ d’application de certaines mesures à l’aquaculture.
En termes économiques, l’UE propose des incitations pour les exploitants pratiquant l’agriculture biologique afin qu’ils transforment totalement plutôt que partiellement leur exploitation. Le plan d’action prévoit également l’octroi aux exploitants pratiquant l’agriculture biologique des mêmes possibilités que les agriculteurs traditionnels en ce qui concerne l’aide aux investissements. Pour accompagner le développement de ce marché, la création d’un groupe d’experts indépendants appelé à formuler des avis techniques apparaît dans les projets de la Commission. Par cet ensemble de mesures, l’UE aspire à l’assimilation de l’agriculture bio. Mais sa réussite dépendra avant tout de sa capacité de répondre aux préoccupations des consommateurs, en termes de qualité, de produits et de prix.