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Boeuf : pas d’influence brésilienne sur les prix

Selon le directeur-adjoint du Centre d’économie rurale de Parthenay, l'arrivée plus importante de viande bovine en provenance d'Amérique du Sud, et plus précisément du Brésil, ne devrait pas bousculer outre mesure les prix pratiqués en France.

Les Marchés : Vous rentrez d'une mission au Brésil au moment où les discussions sur le contingentement en viande bovine pour l'Europe sont en cours. Quel impact une augmentation des importations de viande brésilienne aurait-elle sur le marché français ?

Jacques Mathé : Actuellement, seule la restauration hors domicile achète de la viande brésilienne pour environ 10 000 tonnes par an. Le déficit européen et en particulier français, n'est pas conjoncturel. Il devrait donc favoriser l'augmentation des importations du Brésil ou d'Argentine pour combler cette insuffisance. Mais nous ne pensons pas, sauf sporadiquement, que cela ait une incidence sur les prix français malgré les faibles tarifs de cette viande sud-américaine. Sur les points de vente brésiliens, les prix que nous avons relevés mi mars affichaient 5,5 réal/kg soit environ 1,80 euro/kg et pour les meilleurs morceaux comme le faux-filet 8 réal/kg c'est-à-dire environ 2,50 euros/kg soit 8 fois moins cher que chez nous.

LM : Pourquoi ces importations n'auront-elles pas de conséquences majeures sur les prix français ?

J. M. : La crise de la vache folle a permis de mieux identifier l'origine des viandes. Et des consommateurs sont prêts à payer plus cher de la viande française, car elle est plus rare. Nous ne sommes pas dans une logique de concurrence par les prix ni dans une différenciation de logistique, mais bien dans une logique de provenance.

LM : Dans quel cas la viande brésilienne peut-elle influencer les prix français ?

J. M. : La viande brésilienne est importée congelée. Elle n'intéresse donc pas les GMS pour l'instant. Mais les Brésiliens viennent d'acquérir la technologie du sous-vide. L'usine que nous avons visitée a toutes les capacités pour orienter sa production vers ce type de produit. Si un jour, le circuit des supermarchés européens s'y intéresse (aujourd'hui le frein est psychologique), l'impact aura des conséquences désastreuses. La logique de concurrence par la qualité ne jouera pas. Les Sud-américains maîtrisent mieux que nous désormais le process de tendreté. Le Brésil a donc un fort potentiel mais heureusement pour nous Européens, il cumule certains handicaps. Le cheptel bovin diminue de 1 ou 2 % tous les ans. Les prairies sont grignotées par la culture du coton et de la canne à sucre. La fièvre aphteuse perturbe régulièrement les volumes de production. Et la demande croissante du continent asiatique devrait réduire les appétits brésiliens envers l'Europe. Mais ce qui va limiter les importations sera peut-être les habitudes alimentaires. L'offre mondiale était largement supérieure à la demande il y a trois ou quatre ans. Et nous n'avons pas été envahis par de la viande sud-américaine. Les Italiens par exemple comblaient depuis deux ans le déficit de l'offre française par des imports sud-américains. Ils se retournent depuis quelques mois vers une origine allaitante européenne qui correspond mieux à la découpe et au goût à la particularité du carpaccio.

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